Dans les énergies vertes, on voit l’avenir en rose ! « C’est le plus important potentiel de créations de postes en France dans les années à venir », s’enflamme le Comité de liaison énergies renouvelables (Cler). La crise jette-t-elle un froid ?
Les professionnels se veulent optimistes. « La crise va avoir un impact dans l’immédiat, notamment au niveau des investissements, mais on va assister à long terme à un développement massif du secteur », assure André Antolini, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Et l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a fait ses comptes : 67 000 nouveaux jobs d’ici à 2018 et 120 000 à l’horizon 2025. Pas mal pour un secteur qui réunit aujourd’hui moins de 60 000 salariés.
Une explosion impulsée par l’Union Européenne, le Grenelle de l’environnement et confortée par le « Plan énergies renouvelables », présenté en novembre par Jean-Louis Borloo, ancien ministre de l’Ecologie.
Décliné en 50 mesures concernant l’éolien, le solaire, la géothermie (chaleur du sous-sol), l’hydroélectricité ou la biomasse (bois, déchets organiques…), ce plan entend porter de 10,3 % à 23 % la part des énergies renouvelables dans la consommation nationale en 2020.
Les objectifs du secteur solaire
Le solaire figure au cœur du programme, avec la construction d’au moins une centrale dans chaque région d’ici 2018. En outre, les démarches administratives et les charges fiscales seront allégées pour favoriser le déploiement de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments professionnels et chez les particuliers. Autre objectif : équiper deux millions de foyers de pompes à chaleur (75 000 en 2017).
Le plan prévoit aussi de doter le pays de 8 000 éoliennes en 2020, contre 2 400 actuellement. Mais il tient compte des opposants, en voulant prévenir les atteintes aux paysages. De quoi faire s’envoler quand même les effectifs de la filière, qui pourraient passer, selon le SER, de 7 500 à 35 000 personnes en 2017.
Mais la course à l’embauche a déjà débuté. Exemple : le secteur solaire photovoltaïque, qui compte 4 000 salariés, a créé 1 500 emplois en 2016 et table sur le même chiffre cette année. Ici comme dans les autres énergies renouvelables, on recrute des ingénieurs R&D, études et management de projets, des techniciens pour installer et assurer la maintenance des équipements, ainsi que des commerciaux.
Un problème de taille
Problème : les entreprises se heurtent à une pénurie de personnel qualifié. Avec, notamment, un manque flagrant d’installateurs. « En formation initiale, il n’existe à ce jour qu’une poignée de diplômes spécialisés en énergies renouvelables », relève Philippe Rocher, directeur de l’organisme de formation Metrol. On recense bien une quinzaine de licences pro et autant de masters, mais très peu de cursus dédiés de niveau CAP à Bac + 2, où la demande de nouvelles compétences est la plus forte. Les entreprises se tournent donc vers des profils type DUT génie thermique ou BTS électromécanique, des plombiers, des chauffagistes, des couvreurs, ou encore des électriciens, et forment leurs recrues en interne.
Avec des études sur les perspectives d’emploi rivalisant d’optimisme, les énergies renouvelables constituent une oasis dans le désert actuel. Mais ces emplois verts ne fleuriront pas tout seuls. Il faut des investissements, le volontarisme de l’Etat et des efforts de formation. Effets attendus avant 2020.