Il est temps de créer une nouvelle Commission sur les niveaux de vie.
Eloise Sacares est chercheuse à la Fabian Society.
L’amélioration du niveau de vie était au cœur du premier discours de Rachel Reeves en tant que chancelière. Rien d’étonnant à cela. En 2022/23, les revenus disponibles (après déduction des coûts du logement et de l’inflation) étaient à peine plus élevés qu’au milieu des années 2000, alors que les ménages britanniques les moins bien payés ont un niveau de vie inférieur de 20 % à celui de leurs homologues slovènes. Et la crise du coût de la vie a fait de la baisse du niveau de vie une préoccupation pour la majeure partie de la population. C’est pourquoi nous, les Fabians, élaborons un plan d’action sur le niveau de vie pour le nouveau gouvernement.
L'un des principaux défis est que la question du « niveau de vie » ne relève pas d'un seul ministère. De la réduction des coûts de transport à l'aide à l'emploi, de la maximisation des retraites des salariés à l'augmentation des prestations sociales, les politiques visant à améliorer le niveau de vie relèvent de la compétence de plusieurs ministères. Il peut donc s'avérer délicat de garantir une action coordonnée, en particulier lorsque chaque ministère doit équilibrer ses propres priorités internes et faire face à des contraintes budgétaires strictes.
Nos prochaines recherches proposeront les structures nécessaires à la mise en œuvre d'un plan d'action visant à améliorer sensiblement le niveau de vie. L'une des idées avancées dans la brochure de Fabian parue l'année dernière, « Plans for Power », est de créer une nouvelle Commission sur le niveau de vie.
La création d’une telle commission présente de nombreux avantages. Un organisme indépendant pourrait fournir des conseils politiquement neutres et fondés sur des données probantes sur des questions controversées, telles que le niveau minimum des prestations sociales, et contribuer à dépolitiser ces sujets. Une commission pourrait également être conçue de manière à ce que les voix des personnes vivant dans la pauvreté soient prises en compte de manière continue et équitable. Elle pourrait également contribuer à garantir la pérennité des objectifs au-delà des cycles politiques. Enfin, une telle commission devrait également être habilitée à demander des comptes au gouvernement sur tout objectif ou action lié au niveau de vie.
Il existe de nombreux exemples de commissions et d’organismes indépendants qui ont réussi. La Commission sur le changement climatique a demandé au gouvernement de rendre des comptes sur les objectifs de lutte contre le changement climatique au cours de plusieurs législatures, notamment parce que la loi stipule que le gouvernement peut être poursuivi en justice s’il ne les respecte pas. Et la Commission sur les bas salaires a ouvert la voie à des augmentations du salaire minimum national, malgré une opposition politique importante de la droite au départ. Cela a ensuite conduit aux plus fortes augmentations annuelles sous un gouvernement dirigé par les conservateurs.
Certains estiment qu’une commission ne ferait que repousser à plus tard des mesures vitales. Ils estiment que la collecte de données n’est pas nécessaire : il existe déjà une mine de connaissances sur les mesures à prendre pour améliorer le niveau de vie. Or, ce qui manque souvent, c’est l’action. Le dernier gouvernement travailliste a fait un travail remarquable sur le niveau de vie sans aucune stratégie ni structure formelle jusqu’à la fin de son mandat. Mais une commission peut offrir la responsabilité de veiller à ce que les gouvernements prennent des mesures, ce qui peut être d’autant plus nécessaire dans un environnement budgétaire difficile. Si le parti travailliste devait créer une commission sur le niveau de vie, il devrait s’assurer qu’elle dispose à la fois de la volonté politique et du soutien statutaire pour éviter qu’elle ne devienne superflue et qu’elle ne finisse pas par retarder la prise de décisions vitales.
Il est urgent d’améliorer le niveau de vie des citoyens et de l’économie dans son ensemble. Lors des prochaines élections, le gouvernement devra rendre des comptes sur les décisions qu’il doit prendre aujourd’hui. Les évolutions récentes du niveau de vie n’étaient pas inéluctables. La pauvreté a diminué la dernière fois que le parti travailliste était au pouvoir, avec plus d’un demi-million d’enfants et un million de retraités sortis de la pauvreté. Le gouvernement doit maintenant relever le défi et améliorer le niveau de vie de tous. Une commission sur le niveau de vie pourrait lui donner l’impulsion nécessaire pour y parvenir.