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Économie
La croissance économique
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Dissertation
Les défis de la croissance économique
Analyser la consigne et dégager une problématique
Problématique. Le sujet questionne la compatibilité possible de la croissance et de la préservation de l’environnement.
Exploiter les documents
Document 1. Ce graphique montre que la croissance économique entre 1980 et 2013 (augmentation du produit intérieur brut de 150 %) s’accompagne de prélèvements croissants sur le capital naturel (augmentation de 130 %) : l’extraction de ressources naturelles progresse fortement, à un rythme proche de celui de la croissance économique.
Document 2. Ce tableau montre une augmentation des émissions de CO2 au niveau mondial entre 1990 et 2014. Les plus fortes hausses concernent des régions où la croissance est forte. L’augmentation de la production s’accompagne d’une dégradation de l’environnement. Les régions qui ont connu une croissance plus précoce ont tendance à connaître une diminution de leurs émissions. Lorsque la création de richesses permet d’atteindre un certain niveau de vie, la pression sur l’environnement diminue.
Document 3. Ce graphique montre l’augmentation du nombre de brevets déposés dans les technologies liées au climat entre 2000 et 2011 en France. Il permet de mettre en évidence le développement de technologies qui permettent de lutter contre le réchauffement climatique.
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Introduction
[accroche] Dès 1972, le rapport Meadows intitulé « Halte à la croissance » révèle une prise de conscience des limites de notre modèle de développement économique. [présentation du sujet] Augmentation durable et soutenue de la production dans une économie, la croissance économique s’accompagne de dégâts environnementaux qui viennent soulever la question de sa soutenabilité, c’est-à-dire sa capacité à préserver l’environnement pour les générations futures. Pour autant, les avancées technologiques qu’elle génère semblent permettre d’envisager une croissance compatible avec la préservation de la nature. [problématique] La croissance économique peut-elle satisfaire les besoins des générations présentes tout en préservant l’environnement pour les générations futures ? Le progrès technique est-il à même d’assurer la soutenabilité de la croissance ? [annonce du plan] Nous verrons d’abord que l’augmentation de la production de biens et de services est difficilement compatible avec la préservation de l’environnement, puis nous montrerons que le progrès technique peut permettre de dépasser ces limites et rendre la croissance soutenable.
I. La croissance économique à l’origine de dégâts environnementaux
1. La croissance nuit à l’environnement
La croissance économique s’accompagne d’une surexploitation des ressources naturelles. L’environnement peut être assimilé à un bien commun : il est ainsi susceptible d’être consommé sans limite par les agents économiques. Les activités humaines à l’origine de la croissance économique entraînent donc un épuisement des ressources naturelles non renouvelables, par exemple énergétiques. On constate que l’extraction de ressources naturelles augmente rapidement, à un rythme proche de celui de la croissance : entre 1980 et 2013, le produit intérieur brut (PIB) mondial a crû de 150 % et l’extraction de ressources naturelles de 130 % environ (document 1).
La croissance est aussi un danger pour la biodiversité : déforestation, extension des surfaces agricoles, utilisation de produits phytosanitaires entraînent la disparition irrémédiable d’espèces animales et végétales.
La croissance engendre également de dégâts environnementaux. Elle est source de nombreuses externalités négatives : l’utilisation d’énergies fossiles entraîne des émissions croissantes de gaz à effet de serre (GES) à l’origine de la pollution de l’air et du réchauffement climatique. Au niveau mondial, ces émissions ont augmenté de 58,4 % entre 1990 et 2014. Elles se sont fortement accrues en particulier dans les pays émergents, dont la vigoureuse croissance économique repose sur l’utilisation d’énergies fossiles (+ 130,5 % au Brésil, + 337,1 % en Chine) (document 2). De plus, la production de biens et services entraîne un mode de consommation qui génère la multiplication des déchets, source de pollution.
2. La destruction du capital naturel ne permet pas d’envisager une croissance soutenable
Une croissance soutenable doit permettre de produire suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins des générations présentes et améliorer le niveau de vie des populations, dans le respect de l’environnement pour les générations futures. Cet objectif repose sur la mobilisation de différents types de capitaux : physique, naturel, humain et institutionnel. La soutenabilité de la croissance peut être évaluée en fonction de ses effets sur ces différents types de capitaux et leur transmission aux générations futures.
Dans l’optique de la soutenabilité forte, les différents capitaux ne sont pas substituables. Le capital naturel a un statut particulier, les atteintes à son encontre sont irrémédiables et il doit être préservé. La croissance n’est alors soutenable que si le stock de capital naturel transmis aux générations futures reste au moins identique. Les dégradations et destructions de l’environnement observées de nos jours remettent donc en cause la soutenabilité de notre mode de croissance.
II. Le progrès technique pour une croissance soutenable
1. Le progrès technique est susceptible d’apporter des solutions aux problèmes environnementaux
Pour les partisans de la soutenabilité faible, le capital naturel est un capital comme les autres qui, à ce titre, peut être remplacé par d’autres formes de capitaux. Ainsi s’il se raréfie, son prix deviendra plus élevé et les agents économiques seront incités à développer des technologies plus économes en ressources naturelles. La croissance est alors soutenable si l’on peut compenser la dégradation du capital naturel par l’accumulation d’autres formes de capitaux.
Des avancées technologiques permettent ainsi de réduire la pression de la croissance sur l’environnement : de nouvelles sources d’énergie, renouvelables et peu polluantes sont exploitées, de nouvelles techniques de production, plus économes en énergie, se développent. On constate une forte augmentation du nombre de brevets déposés dans les technologies liées au climat entre 2000 et 2011. Par exemple, le nombre de brevets liés aux technologies de lutte contre le changement climatique dans le secteur des transports a été multiplié par 5 entre 2000 et 2011, par 4,5 dans le secteur de l’énergie (document 3).
2. La croissance peut, par elle-même, offrir des solutions aux enjeux environnementaux
La croissance permet de dégager les ressources nécessaires aux investissements dans les technologies nouvelles : en permettant le financement de la recherche, elle est elle-même source d’un progrès technique endogène. Si ce dernier est orienté vers la préservation de l’environnement, la croissance serait donc soutenable.
De plus, si dans un premier temps la croissance économique se traduit par de fortes contraintes sur l’environnement, l’augmentation du niveau de vie permet à partir d’un certain seuil de relâcher cette pression grâce aux modifications de la structure productive et au développement d’activités tertiaires moins polluantes. Ainsi, les pays ayant connu une croissance plus précoce et ayant un niveau de vie plus élevé ont vu, pour certains, diminuer leurs émissions de GES : – 21,4 % pour l’Europe à 28 entre 1990 et 2014. Les zones ayant connu une croissance plus tardive et dont les activités sont davantage industrielles émettent une part importante des GES aujourd’hui : 29,6 % pour la Chine en 2014 (document 2). Avec l’augmentation du niveau de vie, les consommateurs sont également plus sensibles aux problèmes environnementaux : de nouveaux modes de consommation, plus soucieux de la nature se développent (alimentation biologique, utilisation d’énergies renouvelables, véhicules électriques, etc.).
Conclusion
[bilan] Ainsi, la croissance économique se traduit aujourd’hui par une surexploitation des ressources naturelles, une augmentation de la pollution et une mise en danger de la biodiversité. En détruisant le capital naturel, elle menace les générations futures : elle n’est pas soutenable. Cependant, la croissance économique permet l’émergence d’un progrès technique qui peut se traduire par un relâchement de la pression environnementale qu’elle exerce. Il est alors possible d’envisager une croissance soutenable plus économe en énergie et moins polluante, qui s’accompagne d’une prise de conscience et d’une modification des modes de consommation. [ouverture] On peut se demander si les mécanismes de marché, à eux seuls, permettront cette orientation, ou si l’intervention des pouvoirs publics, à travers des politiques économiques adaptées, s’avérera indispensable.