Dissertation : Moyen-Orient : une paix impossible ?
Analyser le sujet
Dégager la problématique
Depuis 1945, le Moyen-Orient est le théâtre de guerres à répétition. Seuls deux traités de paix y ont été signés.
On peut donc se demander pour quelles raisons cette région est conflictuelle de façon chronique. Le sujet étant déjà problématisé, vous pouvez en reprendre la formulation en guise de problématique.
Construire le plan
Pour étudier les raisons de la conflictualité quasi-permanente de cette région, un plan thématique est le plus adapté.
Corrigé
Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.
Introduction
[Accroche] En 2019, dans la revue Questions internationales, le géopoliticien Jean-Paul Chagnollaud constate : « Depuis des décennies, des conflits de toutes sortes ne cessent de défigurer le Moyen-Orient. Aucun n’a été réglé même s’il ne faut pas oublier l’importance des traités de paix signés entre Israël et deux États arabes. » [Présentation du sujet] En effet, depuis 1945, le Moyen-Orient est le théâtre de guerres interétatiques et de guerres civiles amplifiées par des interventions extérieures : la région est ainsi devenue l’épicentre de l’« arc de crises ». [Problématique] Dans cette perspective, nous nous attacherons à répondre à la question suivante : pourquoi la paix au Moyen-Orient semble-t-elle impossible ? [Annonce du plan] Pour ce faire, nous soulignerons d’abord les profondes faiblesses des États de la région [I] puis les effets sur leur stabilité des ingérences extérieures [II].
I. Les faiblesses des États du Moyen-Orient
1. L’absence de cohésion nationale
Mis à part l’Arabie saoudite et les pays du Golfe, les États du Moyen-Orient, dont les frontières ont été tracées par la France et le Royaume-Uni en 1920, ont une faible cohésion nationale. Différentes communautés culturelles et religieuses coexistent sur des territoires créés de toutes pièces.
Dans ces États, la logique communautaire l’emporte bien souvent sur la logique de l’État-nation. Ainsi, le système politique libanais repose sur le confessionnalisme, c’est-à-dire une répartition du pouvoir proportionnelle au poids de chaque communauté religieuse (chrétiens maronites, musulmans chiites ou sunnites, druzes). La guerre civile qui a ensanglanté le pays de 1975 à 1990 a opposé ces communautés.
Dans d’autres États, une communauté minoritaire impose son pouvoir au reste de la population. C’est le cas de la Syrie, à majorité sunnite, dirigée par la minorité alaouite (chiite) du clan El-Assad. Depuis 2011, cette minorité réprime férocement un soulèvement populaire.
Enfin, certains États fondés sur des idéologies nationalistes comme Ia Turquie et Israël refusent de reconnaître les droits de leurs minorités (Kurdes pour la première, Palestiniens pour le second).
2. L’autorité bafouée des États
Dans les États touchés par une guerre civile, on assiste à une « privatisation de la violence » (Jean-Pierre Chagnollaud). En effet, lorsqu’un État, qui a le monopole de la violence (arbitraire) s’effondre, d’autres acteurs non étatiques l’exercent à sa place. C’est le cas au Liban, en Syrie et en Irak.
Ainsi, des milices armées, souvent liées à des communautés religieuses et culturelles, imposent leur loi. On peut citer le Hezbollah chiite au Liban, devenu un véritable « État dans l’État ».
Des mouvements nationalistes participent également à cette privatisation de la violence. Les Kurdes combattent ainsi en Irak, en Syrie et en Turquie pour défendre leur autonomie.
Enfin, les organisations terroristes profitent de l’effondrement des États pour s’implanter et agir au Moyen-Orient. Ainsi, de 2014 à 2017, l’organisation État islamique s’est taillé un immense territoire à cheval sur la Syrie et l’Irak.
II. Les ingérences extérieures
1. L’intervention des grandes puissances
À partir de 1945, les États-Unis interviennent régulièrement au Moyen-Orient. Il s’agit pour eux de sécuriser leur approvisionnement en pétrole, de garantir la libre circulation maritime dans la région, de soutenir leur allié israélien et, à partir de 2001, de lutter contre le terrorisme.
Ainsi, lors de la première guerre du Golfe, ils interviennent en réaction à l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990. Avec l’aval de l’ONU, ils mettent sur pied une coalition internationale qui, en février 1991, contraint l’Irak à demander un cessez-le-feu. Ce conflit ruine l’Irak et appauvrit sa population, soumise à un embargo de douze ans.
En 2003, lors de la seconde guerre du Golfe, les États-Unis envahissent l’Irak au nom de « la guerre contre le terrorisme », cette fois sans mandat de l’ONU. Cette intervention est prolongée par huit années d’occupation militaire et d’administration américaine. Elle entraîne l’effondrement de l’État irakien, le démantèlement de son armée et le réveil d’antagonismes religieux entre chiites et sunnites.
Cependant, à partir de 2015, la Russie s’est affirmée comme une grande puissance en intervenant en Syrie aux côtés du régime de Bachar El-Assad, alimentant la guerre civile dans ce pays.
2. L’ingérence des puissances régionales
L’ingérence des puissances régionales, soucieuses de défendre leurs intérêts et leur influence, contribue à amplifier les conflits et en accroître la complexité.
Jusqu’à la fin du xxe siècle, les puissances régionales interviennent dans deux types de conflits : les conflits israélo-arabes et les conflits déclenchés par l’Irak. Ainsi, lors des différentes guerres israélo-arabes, l’État hébreu affronte une coalition d’États arabes.
Lors de la première guerre du Golfe, qui oppose d’abord l’Irak au Koweït, de nombreux États de la région participent à la coalition internationale réunie par les États-Unis (Égypte, Syrie, Arabie saoudite, Émirats arabes unis).
Depuis le début du xxie siècle, deux puissances régionales s’opposent en intervenant dans de multiples conflits : l’Arabie saoudite et l’Iran. En Syrie, en proie à la guerre civile depuis 2011, l’Iran soutient le régime de Bachar El-Assad tandis que l’Arabie saoudite prend parti pour les rebelles. Au Yémen, l’Arabie saoudite, à la tête d’une coalition d’États arabes, prend parti pour le gouvernement tandis que l’Iran aide les rebelles houtistes.
Conclusion
[Réponse à la problématique] En somme, aux yeux de divers observateurs, la paix au Moyen-Orient semble chose impossible. En effet, l’absence de cohésion nationale de nombreux États et la privatisation de la violence accentuent une logique communautaire. Par ailleurs, l’ingérence répétée des États-Unis et des puissances régionales contribue à amplifier, complexifier et faire durer certains conflits. [Ouverture] Cependant, des solutions diplomatiques proposées par les Nations unies laissent entrevoir des possibilités de sortie de conflit comme au Yémen à propos duquel des pourparlers de paix ont été entamés en décembre 2018.