Dissertation
Les conflits contemporains
Analyser le sujet
Dégager la problématique
Depuis la fin de la guerre froide, les conflits dans le monde sont devenus plus complexes. Concentrés dans un « arc de crises », ils sont majoritairement intra-étatiques et fondés sur de multiples enjeux. De plus, à côté des États, des acteurs non étatiques s’affirment.
La problématique est clairement indiquée par le libellé du sujet : comment se caractérisent les conflits dans le monde d’aujourd’hui ?
Construire le plan
La compréhension des conflits contemporains nécessite de prendre en compte différents paramètres : un plan thématique s’impose.
Corrigé
Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.
Introduction
[Accroche] « L’espoir d’un monde sans guerre fait rêver l’humanité depuis longtemps. Mais la fin de la guerre froide, contrairement aux espoirs suscités, n’a pas débouché sur la fin des conflits », écrit Pascal Boniface en 2019 dans son ouvrage La Géopolitique. [Présentation du sujet] En effet, en 2017, on compte encore 38 conflits armés dans le monde. [Problématique] Comment se caractérisent les conflits dans le monde d’aujourd’hui ? [Annonce du plan] Pour répondre à cette question, nous soulignerons d’abord leur forte concentration géographique [I] ; puis nous présenterons la diversité de leur nature en termes de types d’affrontement, d’enjeux et d’intensité [II] ; enfin, nous en préciserons les acteurs et les modes de résolution [III].
I. Des conflits concentrés géographiquement
1. À l’échelle mondiale : un « arc de crises »
La majorité des conflits actuels sont concentrés dans un espace allant de la bande sahélo-saharienne jusqu’à l’Asie centrale, qualifié parfois d’« arc de crises ».
Le foyer principal est constitué du Proche et Moyen-Orient où se déroulent les guerres les plus meurtrières : en Syrie, au Yémen, en Irak, en Afghanistan et au Pakistan. Ainsi, depuis 2011, le conflit syrien a entraîné la mort de près de 400 000 personnes.
Le foyer secondaire correspond à l’Afrique saharienne, qui s’étend de la Mauritanie au Soudan. Depuis 2011, date du début des révolutions arabes, son instabilité s’est accrue ; la chute du colonel Kadhafi, dirigeant de la Libye, a favorisé la dissémination d’un gigantesque stock d’armes dans toute la région.
2. Aux échelles continentale et régionale : l’exemple des conflits africains
La majeure partie du continent africain est le théâtre de conflits armés. Ces derniers se concentrent dans quatre régions : le Sahara et sa frange sahélienne ; la corne de l’Afrique ; le golfe de Guinée et l’Afrique équatoriale.
À l’échelle régionale, les pays riverains du golfe de Guinée sont représentatifs des conflits actuels. Depuis 2002, l’organisation terroriste Boko Haram agit dans la région, au Nigeria, au Cameroun mais également au Tchad et au Niger, multipliant les attentats-suicides contre les intérêts occidentaux et contre les chrétiens.
3. Aux échelles nationale et locale : l’exemple de la République centrafricaine
Depuis 2003, la République centrafricaine est en proie à une guerre civile au cours de laquelle s’affrontent l’armée régulière et des milices comme la Seleka. La France est partie prenante de ce conflit avec l’envoi de militaires en 2013 (opération Sangaris). Malgré la signature d’accords de paix en 2019, le pays connaît une forte instabilité.
Bangui est l’épicentre de ce conflit : capitale de la République centrafricaine, ville la plus peuplée du pays, lieu de stationnement des militaires français. C’est à Bangui qu’ont lieu les différents coups d’État et les nombreux massacres de civils.
II. Des conflits de différentes natures
1. Une majorité de conflits intra-étatiques
Depuis la fin de la guerre froide, les conflits armés sont majoritairement des conflits internes aux États : ils opposent souvent les forces gouvernementales à des groupes armés rebelles (ex. : Touaregs au Mali).
Les conflits interétatiques sont peu nombreux mais plus médiatisés (guerre larvée en Irak entre les États-Unis et l’Iran).
Cependant, la distinction entre conflits intra-étatiques et interétatiques est à nuancer en raison de l’intervention fréquente de puissances étrangères dans des conflits internes (ex. : l’Arabie saoudite et l’Iran dans la guerre civile au Yémen).
2. De multiples enjeux
Les enjeux des conflits sont avant tout politiques : ils sont souvent dus à une rivalité entre États. C’est le cas du Cachemire disputé par l’Inde et le Pakistan depuis 1947. L’enjeu pour chacun de ces États est d’affirmer sa puissance face à son rival.
Ils sont également économiques : les ressources naturelles suscitent rivalités et convoitises. Ainsi, la restriction de l’accès à l’eau imposée par l’État d’Israël aux Palestiniens des territoires occupés engendre de fortes tensions dans cette région aride.
Ils peuvent parfois être idéologiques : c’est le cas de la « guerre sainte » anti-occidentale menée par Boko Haram au Nigeria, au Cameroun, au Tchad et au Niger.
3. Une inégale intensité
Les conflits de forte intensité se caractérisent par des affrontements armés réguliers, comme en Syrie. Mais d’autres conflits connaissent des affrontements plus sporadiques : au Mali, le gouvernement, épaulé par des Casques bleus et des militaires français, est confronté à des raids de groupes islamistes implantés dans le Sahel.
L’intensité et la durée des conflits permettent de distinguer des conflits majeurs entraînant des pertes humaines supérieures à 1 000 morts par an (Syrie) et des conflits mineurs dont les pertes sont moindres (Ukraine).
III. Des acteurs multiples, des conflits inégalement résolus
1. Acteurs traditionnels et nouveaux acteurs
Par leur puissance militaire, les États restent les acteurs majeurs des conflits. Ainsi, forts de leurs flottes et de leurs bases militaires situées dans le monde entier, les États-Unis sont partie prenante de nombreux conflits (Afghanistan, Irak, Niger).
Par ses opérations de maintien de la paix, l’Organisation des Nations unies (ONU) demeure également un acteur important. Ainsi, la mission de l’ONU en République démocratique du Congo (MONUC) permet d’éviter un conflit majeur dans cet État.
Cependant, de nouveaux acteurs s’affirment depuis le début du xxie siècle. Parallèlement ou conjointement avec l’ONU, des organisations régionales (OTAN, Union africaine) mènent des opérations de maintien de la paix. Sur les champs de bataille interviennent désormais aussi des combattants n’appartenant pas aux armées régulières : membres de sociétés militaires privées agissant pour le compte des États (États-Unis, Russie) ; combattants irréguliers membres de milices (ex. : le Hamas contre l’armée israélienne à Gaza).
2. Des conflits inégalement résolus
Certains conflits sont réglés par la signature de traités de paix qui établissent les bases d’une paix durable. Ainsi, l’accord entre les FARC et le gouvernement colombien en 2016 a mis fin à cinquante ans de guérilla.
D’autres conflits sont arrêtés suite à un cessez-le-feu qui fixe l’arrêt provisoire des combats (ex. : l’accord entre l’Ukraine et la Russie en 2015).
De nombreux conflits sont en attente de résolution malgré la présence de forces de maintien de la paix. C’est le cas de l’Afghanistan où des négociations sont engagées entre les États-Unis et les talibans, tandis qu’attentats et assassinats se poursuivent.
Conclusion
[Réponse à la problématique] Ainsi les conflits dans le monde aujourd’hui se caractérisent, en premier lieu, par leur forte concentration géographique ; ensuite, par la domination de guerres intra-étatiques, la multiplicité des enjeux et une inégale intensité ; enfin, par l’affirmation d’acteurs non étatiques aux côtés des acteurs traditionnels et par des modes de résolution très inégaux. [Ouverture] En somme, les conflits du xxie siècle sont plus complexes qu’au siècle précédent car le monde est davantage multipolaire.