Ce dont le Parti travailliste a besoin, c’est d’un récit suffisant qui accorde aux travailleurs non seulement des avantages matériels, mais aussi quelque chose de plus – un degré de reconnaissance.
Sam Hill est un travailleur de première ligne dans l’un des plus grands supermarchés britanniques
L’aliénation est un concept né des travaux de Hegel et, plus tard, de Marx. C’est une idée qui, bien qu’anciennement populaire auprès de la gauche radicale, est maintenant largement tombée en désuétude.
Dans cet article, je cherche à reconsidérer l’aliénation, en considérant son existence comme une sorte d’aliénation née du déclin de l’agence de travail, principalement en raison de l’émasculation des syndicats, de l’affaiblissement de la communauté par la diminution du travail emplois de classe au sein de notre histoire nationale, et, avec cela, la dégradation de la dignité à la fois dans le fait que les travailleurs ne sont pas encouragés à considérer leur travail comme précieux, et que leurs conditions de travail ne sont souvent pas suffisantes pour vivre une bonne vie. Ceux-ci sont liés les uns aux autres et agissent comme une sorte de lien pour empêcher les travailleurs d’atteindre le genre de prestige, de bien-être ou de dignité que nous aurions pu caractériser beaucoup d’entre eux (comparativement) pendant le poste. -période de guerre.
On se concentre sur ce triple volet parce que, semble-t-il, la politique actuelle du Parti travailliste ne les aborde pas dans le cadre d’un problème collectif plus large. Pour illustrer ce point, considérons que le parti de Keir Starmer s’est engagé sur un salaire minimum de 15 £. Cela, bien sûr, contribuera grandement à améliorer la vie de la classe ouvrière britannique, mais on a le sentiment que cela ne fait que remédier à un symptôme particulier d’un problème social plus large.
Par exemple, l’augmentation des salaires ne compense pas le fait que nous (je suis moi-même employé de supermarché) sommes souvent maltraités par les clients, méprisés et généralement, malgré notre rôle vital pendant la pandémie, ignorés. Dans cet exemple, nous voyons un chevauchement clair entre la dignité que l’on gagne par une augmentation de salaire, en même temps qu’une perte correspondante en ce qui concerne le prestige dérivé de la communauté. On pourrait alors soutenir que ce dont le Parti travailliste a besoin, en plus de telles politiques, c’est d’un récit suffisant qui accorde aux travailleurs non seulement des avantages matériels, mais aussi quelque chose de plus – un degré de reconnaissance.
Dans cette optique, ce dont nous avons besoin, je crois, c’est de ré-imaginer notre histoire d’un patriotisme éthique du bien commun, popularisé par des personnalités comme Attlee ou Tawney, ou d’envisager peut-être un autre cadre. Ce qui est important ici, c’est de façonner un récit dans lequel les travailleurs doivent à nouveau être dépeints et reconnus pour la valeur qu’ils apportent à notre société et pour le rôle vital qu’ils jouent pour garantir que nous puissions vivre dans le genre de société que les élites politiques semblent tenir pour acquises. À bien des égards, les travailleurs sont une nécessité fondamentale de la Grande-Bretagne qui devrait être reconnue, et leurs histoires, leurs expériences et leurs luttes mieux intégrées dans notre compréhension de soi nationale. Il y a une grande histoire ici, y compris la lutte pour les droits démocratiques au sein du mouvement chartiste, et les quêtes d’égalité sociale dans les Bristol Bus Boycotts, pour ne citer que deux exemples. Essentiellement, nous devons parler de ces événements et pourtant honorer les travailleurs pour leur rôle dans le façonnement de notre Grande-Bretagne contemporaine.
Les syndicats et autres associations intermédiaires forment la dernière pièce de ce puzzle car, même en dépit d’augmentations de salaire réelles et d’un récit qui reconnaît mieux les travailleurs, aucun ne leur donne vraiment une voix – un sens de l’agence. Il suffit de considérer la dégradation qu’une partie importante de la classe a ressentie après Thatcher, et le ressentiment qui s’est accumulé en son sein et déclenché dans le contexte du Brexit, pour se rendre compte de l’importance que de telles associations intermédiaires peuvent avoir pour s’adresser à la classe ouvrière. problèmes.
Il est important psychologiquement de voir que, non seulement on devient mieux dans un sens matériel, et mieux reconnu, mais qu’ils appartiennent aussi ; qu’ils ont le sens de leur propre pouvoir, et il semble particulièrement poignant qu’une telle voix se fasse à nouveau entendre par les syndicats, bien que l’expansion d’autres associations de la société civile soit une autre option. Le point, cependant, demeure que les travailleurs doivent avoir le sens de leur propre pouvoir, ainsi que de la dignité et un sens de la reconnaissance communautaire, s’ils veulent échapper à leur aliénation actuelle.
À cette fin, je défie le Parti travailliste d’examiner à nouveau le diagnostic d’aliénation et la manière dont ses politiques peuvent s’élever à quelque chose de plus grand – une vision d’une meilleure Grande-Bretagne dans laquelle les travailleurs forment une partie centrale de notre compréhension de soi, ont une voix dans notre avenir, peuvent lutter activement contre les injustices à travers leurs associations et, bien sûr, peuvent mieux vivre une vie sans besoin ni envie. Notre parti a l’habitude d’aborder ces questions et il semble pertinent de s’en souvenir, ainsi que de revoir les écrits et les discours d’ancêtres particuliers, comme Attlee, Tawney, Lansbury, Cole et d’autres.