Le bilan du gouvernement et les récentes déclarations des ministres devraient sonner l’alarme pour tous les syndicalistes.
Diane Abbott est la députée travailliste de Hackney North et Stoke Newington
C’est un gouvernement qui prétend être le « parti de la loi et de l’ordre ». Mais la vérité est quelque peu différente. C’est un gouvernement qui lui-même fait fi de la loi et qui confond délibérément législation draconienne avec maintien de la loi et défense de la justice.
Ce sont des ministres responsables d’avoir tenté de proroger le Parlement en violation de la loi. Ils ont également introduit une politique de réfugiés honteuse qui est presque certainement en violation du droit international sur les droits des réfugiés.
Ils se sont également engagés dans une voie où ils entendent abroger un traité international en déchirant le protocole d’Irlande du Nord. Ils ont scandalisé les hautes fonctions avec 126 avis de sanction fixes qui ont été délivrés au personnel et aux ministres de Downing Street, y compris le Premier ministre pour avoir enfreint leurs règles de verrouillage.
Le projet de loi sur l’ordre public en cours d’adoption au Parlement est une autre mesure draconienne prise par un gouvernement de plus en plus autoritaire. Un gouvernement qui prétend être capable de sermonner le reste du monde sur la démocratie et les droits de l’homme, avec une législation plus autoritaire que la plupart.
En effet, le projet de loi fait de toute personne ayant fait l’objet d’une condamnation pénale un citoyen de seconde classe en restreignant son droit de manifester. Cela fait également des manifestants des citoyens de seconde classe en général, qui seraient soumis à des pouvoirs de police étendus. Elle renforce également le statut de seconde classe des jeunes hommes noirs et asiatiques qui font l’objet d’interpellations et de fouilles discriminatoires et contre-productives. Enfin, le projet de loi peut être utilisé pour menacer les droits des travailleurs en matière de transport.
Le détail du projet de loi contient des dispositions relatives aux ordonnances de prévention des perturbations graves pour les personnes condamnées à deux reprises pour des infractions à l’ordre public, ou même pour celles qui n’ont été condamnées pour aucune infraction, mais qui sont réputées avoir causé des « perturbations graves ».
Il s’agit d’une violation flagrante des libertés civiles de chacun. C’est aussi le type de législation qui caractérise partout les gouvernements autoritaires. Même si aucun tribunal, juge ou magistrat n’a déclaré quelqu’un coupable d’une infraction pénale, il est traité comme s’il était coupable simplement sur l’avis d’un fonctionnaire de l’État, probablement la police.
Dans un passé récent, il y a eu d’énormes manifestations dans ce pays, dont l’énorme manifestation contre la guerre en Irak, les énormes manifs anti-apartheid des années 1980 ou les marches de soutien aux mineurs. Il s’agissait de foules exceptionnellement nombreuses, agissant de manière entièrement pacifique, mais causant des perturbations massives simplement par le simple poids de leur nombre.
Lorsqu’une grande partie de la population s’exerce suffisamment sur un problème pour participer à une marche, elle provoque d’énormes perturbations. Mais c’est leur droit, qui est aujourd’hui menacé.
En matière d’interpellation et de fouille, ce projet de loi propose de donner libre cours à certaines des pires pratiques policières. L’écrasante majorité des opérations d’interpellation et de fouille dans ce pays sont menées par la police métropolitaine. Le Met impose l’arrestation et la fouille d’une section d’une communauté, qui est constituée de jeunes hommes noirs.
Selon les propres données du ministère de l’Intérieur, 6 personnes blanches sur mille font l’objet d’interpellations et de fouilles. Cela se compare à 54 parmi les Noirs et s’élève à 157 personnes désignées «Black Other» dans les catégorisations du Home Office. C’est totalement inacceptable et manifestement discriminatoire.
L’Inspection des services de police de Sa Majesté et le Collège des services de police ont critiqué cette utilisation de l’interpellation et de la fouille aléatoires et ont fait valoir qu’elle est contre-productive.
Il y a aussi la question des dispositions du projet de loi sur l’interdiction de l’obstruction des grands travaux de transport, qui, selon le gouvernement, vise à Extinction Rebellion. Mais la législation a l’habitude d’être adaptée aux besoins du gouvernement, en particulier une législation aussi vague et aussi draconienne que celle-ci.
Ce gouvernement tient déjà une rhétorique sauvage sur la perspective d’un conflit industriel dans les chemins de fer dans un avenir rapproché. C’est aussi un gouvernement qui n’a pas empêché la terrible pratique du « licencier et réembaucher ». Il n’a rien fait pour empêcher les attaques antisyndicales chez P&O.
Le bilan du gouvernement et les récentes déclarations des ministres devraient sonner l’alarme pour tous les syndicalistes. Le projet de loi permettrait une grave érosion supplémentaire des droits fondamentaux, en l’occurrence le droit de s’organiser sur le lieu de travail et le droit de grève.