Dissertation
Catégories socioprofessionnelles et structure sociale
Analyser la consigne et dégager une problématique
Problématique. Quels sont les facteurs autres que les catégories socioprofessionnelles pour définir une structure sociale hiérarchisée ?
Exploiter les documents
Document 1. Ce texte retrace l’histoire de la nomenclature des catégories socioprofessionnelles (CSP). Sur quels critères repose-t-elle ? Par qui est-elle utilisée ? Pourquoi ?
Document 2. Ce tableau compare les revenus médians selon la CSP. Quelles inégalités met-il en lumière ? Comment celles-ci évoluent-elles ?
Document 3. Ce graphique représente le revenu salarial moyen selon le sexe. Quelle différence fait-il apparaître ? Qu’en déduire de l’influence du genre sur la hiérarchisation de l’espace social ?
Document 4. Ce tableau distingue un certain nombre de caractéristiques sociales selon les quartiers. Quelle est la situation dans les zones prioritaires ? Pourquoi le lieu de résidence peut-il être considéré comme un facteur de hiérarchisation de la structure sociale ?
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Introduction
[accroche] Depuis les années 1950, la répartition de la population française en catégories socioprofessionnelles (CSP) a connu d’importantes mutations. Cette évolution est assimilée aux transformations de la société. [présentation du sujet] Mais dans quelle mesure les CSP restent un instrument pertinent pour décrire une structure sociale hiérarchisée ? Celle-ci peut être définie comme la différenciation d’une population en groupes sociaux occupant des places distinctes. Les CSP sont une nomenclature reposant sur des critères professionnels et regroupant des personnes aux propriétés sociales communes. [problématique] Se poser la question de la pertinence des CSP comme instrument pour définir une structure sociale hiérarchisée revient à se demander si cette dernière n’est pas déterminée par d’autres facteurs. [annonce du plan] Pour répondre à cette interrogation, nous montrerons tout d’abord que les CSP restent un facteur déterminant d’une structure sociale hiérarchisée, puis nous verrons qu’il existe d’autres critères.
I. Les CSP, instrument pour définir une structure sociale hiérarchisée
1. La construction des CSP
La nomenclature des CSP est, à l’origine, une construction statistique de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) reposant sur la situation professionnelle des Français (document 1). Ce classement est déterminé selon un certain nombre de critères : activité ou non, profession, statut, qualification.
Les sciences sociales se sont emparées de cette classification pour étudier la structure sociale. Les CSP permettent de déterminer des « comportements économiques, démographiques et sociaux » (document 1), et de regrouper des personnes ayant des propriétés sociales communes.
2. CSP et hiérarchisation de la structure sociale
L’utilisation des CSP comme instrument de la structure sociale permet de mettre en évidence une hiérarchie fondée sur les professions. Chacune d’elles donne en effet accès à des ressources différenciées sur le plan économique. Ainsi, le niveau de vie médian des cadres et professions intellectuelles supérieures est environ 1,8 fois supérieur à celui des ouvriers en 2017 (document 2).
La hiérarchisation économique de la structure sociale s’accompagne d’une hiérarchisation culturelle et sociale. Le niveau de diplôme plus élevé des cadres et professions intellectuelles supérieures leur donne accès à des pratiques sociales et culturelles plus valorisées par la société. Dès lors, on considère que la position sociale de cette CSP est plus élevée que celle des professions intermédiaires, elle-même occupant une position supérieure à celle des employés et des ouvriers.
II. D’autres critères pour définir une structure sociale hiérarchisée
1. Le genre
Selon l’Insee, en 2015 en France, le revenu salarial mensuel moyen des femmes était inférieur à celui des hommes de près de 25 % (document 3). Ainsi, les premières ont moins accès que les seconds aux ressources valorisées comme le revenu, créant ainsi un autre type de hiérarchie au sein de la structure sociale.
On peut expliquer une partie des inégalités de revenus selon les sexes par la nature des emplois occupés : aux femmes les tâches les moins valorisées socialement comme les activités domestiques, l’aide à la personne, etc. Mais cette explication n’est pas suffisante et ne reflète pas les évolutions récentes. En effet, alors que les femmes sont aujourd’hui plus diplômées que les hommes, elles n’ont pratiquement pas accès aux postes les plus élevés dans l’entreprise. Elles connaissent ainsi une véritable discrimination dans leur vie professionnelle.
2. Le lieu de résidence
L’État, dans le cadre de la politique de la ville, distingue les quartiers prioritaires qui ont pour caractéristique principale une population ayant un faible revenu moyen par habitant. Celle-ci connaît, comparativement aux personnes vivant dans d’autres quartiers, de plus grandes difficultés à accéder à des ressources socialement valorisées, tels l’éducation ou l’emploi. Le taux de scolarisation des 16-24 ans y est moins élevé, la part des emplois précaires plus importante (document 4). Dès lors, le lieu de résidence devient un facteur de hiérarchisation de la structure sociale.
Dans ces quartiers prioritaires, les familles monoparentales sont aussi relativement plus nombreuses (document 4). Or, celles-ci ont le plus souvent des revenus moins élevés et des conditions de vie plus précaires. Outre la composition de la famille, d’autres critères peuvent différencier les groupes sociaux, notamment la position dans le cycle de vie en fonction de l’âge : par exemple, les pratiques culturelles sont différentes suivant ce dernier.
Conclusion
[bilan] Les CSP, construction statistique fondée sur la situation professionnelle, restent un instrument caractérisant une structure sociale hiérarchisée. Non seulement elles regroupent des personnes aux propriétés sociales communes, mais l’appartenance à une CSP détermine également une position dans la hiérarchie sociale. Cependant, l’appartenance socioprofessionnelle n’est pas le seul critère de différenciation sociale. Le genre (homme-femme) et le lieu de résidence (quartier prioritaire ou non) en sont également des facteurs déterminants. [ouverture] Aujourd’hui, l’espace social voit s’accentuer les inégalités, notamment celles existant au sein même des CSP. Or, cette évolution risque de remettre en cause la cohésion de la société.