Dissertation
Les facteurs de l’engagement
Analyser la consigne et dégager une problématique
Problématique. Quelles sont les causes de l’engagement ? Relèvent-elles seulement de motivations individuelles ou sont-elles également déterminées sociologiquement ?
Exploiter les documents
Document 1. Ce diagramme empilé évoque, au travers d’un sondage, des motivations individuelles possibles de l’engagement. Quelle est la part de ceux qui pensent l’action collective utile ? Comment se manifeste, à cet égard, une attitude plus individualiste ?
Document 2. Ce tableau statistique montre que le taux d’adhésion à une association dépend de caractéristiques sociodémographiques. Identifiez l’adhérent « type », en fonction du sexe, de l’âge, du niveau de diplôme, de la catégorie socioprofessionnelle (CSP) et du niveau de vie.
Document 3. Cet histogramme met en évidence l’influence d’un contexte particulier – une loi injuste ou dangereuse – sur l’engagement des individus. Combien tenteraient de faire quelque chose ? Pour quel résultat espéré ?
Document 4. Ce tableau statistique lie les connaissances à la faculté d’expression dans la sphère civique. Quelle est la part des lycéens qui considèrent comprendre les questions politiques ? Et combien sont ceux qui s’estiment capables de participer à la vie politique ?
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Introduction
[accroche] Les mobilisations collectives récentes – le mouvement des Gilets jaunes, les grèves contre la réforme des retraites, les actions pour le climat, etc. – soulignent l’importance de l’engagement. [présentation du sujet] Qu’est-ce qui pousse les individus à agir pour porter une revendication ou défendre des idées ? L’engagement dépend-il seulement de motivations individuelles ou est-il aussi déterminé par des contraintes sociales ? [problématique] Nous allons montrer dans un premier temps que la participation à des actions collectives repose sur des facteurs individuels, puis dans un second temps que cet engagement est lié à des déterminants sociologiques.
I. Les facteurs individuels de l’engagement
1. Les incitations matérielles et morales de l’engagement
L’individu rationnel, s’appuyant sur un calcul utilitariste coût-bénéfice, a intérêt à se comporter comme un passager clandestin plutôt qu’à s’engager dans une action dont les fruits seront collectifs. Si certains individus se mobilisent néanmoins, c’est qu’ils sont encouragés à le faire par des incitations sélectives qui réservent le bénéfice de l’action collective à ses seuls participants, limitant ainsi les comportements de passager clandestin.
Les individus engagés sont aussi guidés par des rétributions symboliques les poussant à agir : la défense d’une cause, le sentiment de solidarité et de partage, la volonté d’agir ensemble, etc. sont des éléments de motivation qui interviennent dans la décision de participer à des actions collectives. Ainsi, lorsqu’une loi est considérée comme injuste ou dangereuse, la moitié des citoyens considère qu’il est normal de « faire quelque chose seul ou en groupe » et donc de s’engager (document 3).
2. Le rôle du contexte et des opportunités
L’engagement dans des actions collectives dépend de la structure des opportunités politiques et du contexte plus ou moins propice au succès des mobilisations, agissant comme des incitations plus ou moins forte à s’impliquer individuellement. Une cohabitation peut, par exemple, générer un rapport de force plus favorable à des revendications de groupes d’opposition.
Ainsi le projet de loi sur les retraites préparé par le gouvernement d’Édouard Philippe a suscité beaucoup d’inquiétude pour une large partie de la société, dans un contexte de défiance à l’égard de l’exécutif depuis le mouvement des Gilets jaunes débuté en octobre 2018. Ce mécontentement, relayé par les médias et les organisations de salariés, a assurément contribué à la très forte mobilisation de la fin de l’année 2019. Les grèves et les manifestations de grande ampleur ont alors rassemblé bien au-delà des seuls militants syndicaux.
II. Les facteurs sociologiques de l’engagement
1. Le profil sociodémographique des individus qui s’engagent
Une grande partie de l’opinion estime être en capacité de peser sur les décisions (document 1) ; mais tous ne le font pas si l’on en juge par le taux d’adhésion aux diverses organisations, le pourcentage de grévistes ou la présence dans les manifestations. Par exemple, en France, un salarié sur dix est syndiqué et un Français sur cent adhère à un parti politique (données de 2016).
En s’appuyant sur les caractéristiques sociodémographiques des adhérents d’associations, on peut identifier le profil sociologique des personnes engagées : ce sont plus souvent des hommes, âgés, ayant un haut niveau de formation, appartenant à une catégorie socioprofessionnelle moyenne ou supérieure et doté d’un niveau de vie élevé. Ainsi, en 2013, le taux d’adhésion à une association est près de deux fois supérieur chez les 25 % des individus les plus aisés que chez les 25 % les plus modestes, et deux fois et demie supérieur chez les titulaires d’un diplôme supérieur au bac que chez les sans-diplôme (document 2).
2. Le rôle de la socialisation et des compétences politiques
Le profil sociologique des personnes qui s’engagent renvoie à des socialisations politiques différentes selon le milieu social, le sexe ou le parcours d’étude. Dans le cadre de la socialisation primaire, les individus intériorisent des valeurs et des normes qui vont générer des dispositions plus ou moins fortes à s’engager dans des actions collectives. Partager ou non une sensibilité politique, s’intéresser ou non aux débats politiques et citoyens, participer ou non à certaines formes d’action collectives, etc. sont des éléments qui sont transmis au sein de la famille et qui marquent durablement les individus.
Dans le cadre de la socialisation secondaire, à l’école et avec les pairs, les individus acquièrent des ressources et des compétences qu’ils vont pouvoir utiliser en se mobilisant. Expression orale et écrite, histoire et culture politique, réseaux de connaissances, etc. vont constituer des points d’appui à l’engagement. C’est ainsi que 56 % des lycéens en 2018 considèrent comprendre les enjeux politiques de la France, et que 37 % s’estiment capables de participer à la vie politique (document 4).
Conclusion
[bilan] L’engagement dans des actions collectives résulte à la fois de motivations individuelles dans un contexte donné et de déterminants sociologiques qui rendent plus ou moins probable la participation. [ouverture] Dans quelle mesure l’émergence de nouveaux enjeux, tels que le climat, de nouvelles formes et de nouveaux répertoires d’action collective, à l’image des Gilets jaunes ou des ZAD, peut transformer le profil sociologique des acteurs des mobilisations ?