Dissertation
Les déterminants de la mobilité sociale
Analyser la consigne et dégager une problématique
Problématique. La mobilité sociale n’est pas le seul résultat de choix individuels. Elle s’explique aussi par des facteurs socio-économiques et sociologiques.
Exploiter les documents
Document 1. Ce tableau est une table des destinées. Que signifie cette appellation ? Comment en lire les données ? La mobilité sociale des femmes est présentée : quelles sont ses spécificités ? Aidez-vous du jeu de couleurs et de sa légende.
Document 2. Ce graphique révèle les évolutions de la structure socioprofessionnelle française depuis 1982. Quelle est la nature des données ? Quelles transformations expliquent une partie de la mobilité sociale ?
Document 3. Ce tableau compare le niveau socio-économique des ménages selon leurs configurations. Quels sont les indicateurs socio-économiques retenus ici ? À quelle notion du cours renvoie cette distinction entre types de ménages ?
Document 4. Ce graphique indique le taux d’obtention du baccalauréat selon l’origine sociale, à ne pas confondre avec le taux de réussite. Observez l’évolution générale et selon la catégorie socioprofessionnelle (CSP). Comment évolue l’écart entre les deux CSP ? Que peut-on en déduire sur le rôle de la formation dans la mobilité sociale ? Celle-ci joue-t-elle le même rôle pour toutes les CSP ?
Définir le plan
Corrigé
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Introduction
[accroche] Matthieu Chedid est un musicien issu d’une lignée d’artistes prestigieux. [présentation du sujet] Cette trajectoire sociale particulière est-elle à l’image de l’attribution des positions sociales ? Autrement dit, quels sont les facteurs de la mobilité sociale dans la société française contemporaine ? [problématique] Nous allons montrer que celle-ci ne résulte pas des seuls choix individuels, mais qu’elle s’explique par des facteurs socio-économiques et sociologiques. [annonce du plan] Nous étudierons d’abord le rôle des évolutions socioprofessionnelles, puis nous montrerons le poids de la famille.
I. La mobilité sociale liée aux évolutions socioprofessionnelles
1. La mobilité due aux évolutions de la structure socioprofessionnelle
La structure socioprofessionnelle est marquée par des transformations importantes entre 1982 et 2018 (document 2) : la part des agriculteurs et des ouvriers diminue (respectivement – 5 et – 10 points de pourcentage), tandis que celle des cadres et des professions intermédiaires augmente (respectivement + 10 et + 5 points de pourcentage). Une telle situation génère une mobilité structurelle.
Ces transformations expliquent que les catégories socioprofessionnelles (CSP) en déclin connaissent une mobilité forte de leurs enfants, tandis que les CSP en expansion sont marquées par une forte immobilité sociale et attirent des enfants issus d’autres CSP. Ainsi, comme le montre la table des destinées (document 1), en 2015 seulement 8 % des filles d’agricultrices sont agricultrices elles-mêmes (immobilité), tandis que 92 % sont mobiles. 41,7 % des filles de cadres sont elles-mêmes cadres et 31,6 % occupent des professions intermédiaires.
2. Le rôle de l’élévation du niveau de formation
Les transformations de la structure socioprofessionnelle s’accompagnent d’une élévation du niveau de formation, nécessaire pour favoriser l’accès des individus aux positions socioprofessionnelles qui se développent.
On constate ainsi, quelle que soit la CSP, une augmentation du taux d’accès au baccalauréat : moins de 5 % pour la génération née en 1929, plus de 60 % pour celles nées entre 1983 et 1987 (document 4), et 75 % aujourd’hui.
II. L’action des ressources et des configurations familiales
1. La transmission inégale des capitaux selon le milieu social de la famille
L’immobilité sociale est un phénomène important dans la table des destinées (document 1). Si celle-ci est faible chez les filles issues de mères indépendantes (agricultrices et artisanes, commerçantes, chefs d’entreprises) en raison de la mobilité structurelle, elle représente entre 31,4 % des filles d’employées et ouvrières non qualifiées et 41,7 % des filles de cadres en 2015.
Ce phénomène s’explique par la transmission de capitaux (économique, culturel et social) inégaux selon les CSP. Le capital culturel joue un rôle déterminant dans la réussite scolaire et professionnelle : il favorise la reproduction des positions sociales tant dans les catégories populaires que supérieures. Ainsi, en dépit de la réduction des écarts, les enfants de cadres ont encore un taux d’accès au baccalauréat supérieur de 40 points à celui des enfants d’ouvriers pour les générations nées entre 1983 et 1987 (document 4).
2. Les effets des configurations familiales sur la mobilité sociale
Les configurations familiales, qui désignent la composition et les modes de constitution de la famille (nombre et âge des frères et sœurs, position dans la fratrie, place des grands-parents, etc.), ont des effets sur la socialisation des individus et sur leurs aspirations et leurs projets, leurs choix et leurs réussites d’étude, et donc sur leurs trajectoires sociales futures.
Certains types de famille apparaissent en difficulté pour assurer un avenir social à leurs enfants compte tenu de leurs conditions de vie, particulièrement les familles ayant quatre enfants et plus, et les familles monoparentales. En effet, 39,6 % de ces dernières et 75,3 % de celles qui ont quatre enfants et plus vivent en dessous du seuil de pauvreté en 2011 (document 3), ce qui rend difficile le financement d’études supérieures ainsi que les conditions pour étudier (espace de travail, équipement numérique, accompagnement familial, etc.).
Conclusion
[bilan] La mobilité sociale ne dépend donc pas seulement du libre choix des individus d’une trajectoire sociale, mais aussi de contraintes socio-économiques et sociologiques fortes, liées aux évolutions de la structure socioprofessionnelle et du niveau de formation ainsi qu’au rôle de la famille. [ouverture] Le poids important de la reproduction sociale souligne l’importance majeure de l’école pour favoriser une attribution des positions dans la société moins liée à l’origine sociale et davantage aux capacités et aux choix individuels.