Nous devons construire un pare-feu entre les politiciens et les sociétés pétrolières et gazières à l’origine de la crise climatique.
Richard Burgon est le député travailliste de Leeds Est
Les mêmes géants pétroliers et gaziers qui sont à l’origine des factures énergétiques record qui ont plongé tant de personnes dans la pauvreté nous ont également amenés au bord de la catastrophe climatique.
Si nous voulons avoir une chance d’éviter le pire de la crise climatique, nous devons alors réduire rapidement l’utilisation des combustibles fossiles. La clé pour y parvenir est de briser le vaste pouvoir qu’exercent les sociétés pétrolières et gazières sur notre politique.
C'est pourquoi cette semaine, je présenterai un projet de loi à la Chambre des communes visant à interdire aux députés de recevoir des fonds ou tout autre avantage des sociétés pétrolières et gazières.
Mon projet de loi d’initiative parlementaire empêcherait les députés d’accepter un deuxième emploi ou de recevoir des dons, des cadeaux, des marques d’hospitalité ou des avantages en nature de la part d’une entreprise dont plus de 50 % de ses revenus annuels proviennent du pétrole ou du gaz.
Cela obligerait également le gouvernement à mettre fin aux investissements du Fonds de retraite contributif parlementaire dans les sociétés pétrolières et gazières.
L’objectif de mon projet de loi est simple : construire un pare-feu entre nos décideurs politiques et les sociétés pétrolières et gazières qui ont sciemment provoqué la crise climatique.
Pendant des décennies, les géants du pétrole et du gaz ont utilisé leur vaste pouvoir financier pour confondre et saper la science sur le rôle des combustibles fossiles dans le changement climatique. Plus récemment, ils se sont concentrés sur l’injection de sommes énormes pour retarder, bloquer et affaiblir l’action climatique mondiale.
L’argent des combustibles fossiles pollue également la politique britannique. Le parti conservateur a reçu 3,5 millions de livres sterling de donateurs ayant des liens avec les combustibles fossiles, les pollueurs et le déni du climat en 2022, selon une analyse des dossiers de la commission électorale réalisée par DeSmog, un site Web d'enquête axé sur les campagnes de désinformation sur le réchauffement climatique.
Les députés ont également gagné d’énormes sommes d’argent en travaillant pour les sociétés pétrolières. L’ancien chancelier conservateur Nadhim Zahawi a déjà empoché 1,3 million de livres sterling auprès d’une compagnie pétrolière alors qu’il était député. L'ancien ministre de l'Énergie, John Hayes, a reçu plus de 200 000 £ du négociant pétrolier et pétrochimique BB Energy Trading depuis les élections générales de 2019, selon le dernier registre des intérêts financiers des députés. Ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres.
Cela va tout en haut. Le Premier ministre Rishi Sunak a reçu 141 000 £ de particuliers et d’entreprises ayant des liens financiers avec les secteurs pétroliers et gaziers en 2022, une grande partie des paiements étant destinée à sa candidature à la direction de Ready4Rishi. Le don le plus important à la campagne réussie de Liz Truss pour la direction du Parti conservateur est venu de l'épouse d'un ancien dirigeant de BP.
Il existe également une porte tournante très bien huilée entre la politique et l’industrie gazière. Une nouvelle étude révèle comment, sous les conservateurs, plus de 100 représentants de l’industrie pétrolière et gazière ont assumé des postes de direction au sein du gouvernement et au sein de conseils consultatifs ministériels. Deux douzaines d’entre eux ont pris le chemin inverse, laissant le gouvernement pour des rôles privilégiés dans le secteur pétrolier et gazier.
Le coût payé par les citoyens ordinaires pour cette relation chaleureuse est apparu clairement lorsque le gouvernement a fait pression en faveur d’une taxe exceptionnelle sur les bénéfices excédentaires des géants des combustibles fossiles. L'industrie s'est mise en quatre pour obtenir plus de 200 réunions avec le gouvernement en seulement 12 mois. Ils ont réussi à édulcorer la politique en y ajoutant des failles qui ont permis d’éviter presque toutes les taxes exceptionnelles. Il va sans dire que les militants pour la justice climatique n’ont pas un tel accès aux couloirs du pouvoir.
Le public en a assez de l’influence que ces géants du secteur privé exercent sur notre politique. Un sondage récent a révélé que six personnes sur dix pensent que les politiciens acceptent des dons d’entreprises de combustibles fossiles comme « inacceptables », y compris quatre personnes sur dix qui trouvent cela « totalement inacceptable ». Seule une personne sur dix pensait que c’était « acceptable ».
Mon projet de loi peut s’inscrire dans la lutte contre le changement climatique, mais aussi dans le cadre du nettoyage indispensable de notre politique. J'ai déjà présenté un projet de loi interdisant aux députés d'accepter un deuxième emploi et je me félicite que les travaillistes s'y soient désormais engagés.
Une action encore plus audacieuse est nécessaire étant donné que la politique britannique est désormais marquée par un sentiment généralisé de corruption au sommet. Les deux tiers des électeurs estiment que la politique britannique est de plus en plus corrompue, selon un récent sondage. Dans ce qui constitue clairement un danger pour notre démocratie, seulement un tiers d’entre eux faisaient confiance à leurs élus pour faire passer l’intérêt public avant leurs propres intérêts.
Tout comme dans le passé pour les compagnies de tabac, l’influence des géants pétroliers et gaziers sur notre politique constitue une menace énorme pour la santé publique. La pollution de l’air due aux combustibles fossiles tue déjà cinq millions de personnes dans le monde chaque année. Mais même cela sera éclipsé par l’impact qu’aura la catastrophe climatique sur la vie et la sécurité de milliards de personnes.
Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a averti que l'industrie des combustibles fossiles est « incompatible avec la survie humaine ». Empêcher les géants pétroliers et gaziers de polluer notre politique est une étape clé pour garantir la transition climatique juste dont nous avons tous un besoin urgent.
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