Sans réforme, l'objectif du gouvernement de construire 1,5 million de logements d'ici la fin de cette législature restera hors de portée et la crise du logement continuera de s'aggraver.
Une récente demande d'accès à l'information (FOI) a mis en évidence un goulot d'étranglement important dans le processus d'approbation de la sécurité des bâtiments au Royaume-Uni, en particulier concernant les bâtiments à haut risque. Entre octobre 2023 et septembre 2024, le régulateur de la sécurité des bâtiments (BSR) a approuvé un maigre 14 % des 1 018 candidatures Gateway 2 soumises. Avec seulement 25 refus purs et simples et le sort des 847 demandes restantes encore incertain, l’ampleur du retard devient alarmante.
Gateway 2, étape cruciale du processus d'approbation des bâtiments à haut risque, exige que les promoteurs démontrent leur conformité à des règles de sécurité strictes avant de poursuivre la construction. Bien que ces exigences soient essentielles pour la sécurité publique, le faible taux d’approbation met en évidence les difficultés croissantes auxquelles les développeurs sont confrontés pour naviguer dans un système de plus en plus complexe et bureaucratique. La lenteur des approbations a des implications significatives non seulement pour le secteur de la construction mais aussi pour l'économie dans son ensemble, en particulier les marchés fonciers et immobiliers.
Retards de Gateway 2 : le cauchemar d'un développeur
Les retards causés par Gateway 2 exacerbent un secteur du logement déjà tendu. Les développeurs sont confrontés à des difficultés croissantes pour faire démarrer leurs projets en raison des exigences strictes du régulateur. Le président du Fire Industry Council a souligné que le refus du régulateur de s'engager dans des discussions techniques préalables à la demande contribue au problème. De nombreux développeurs, laissés sans orientation claire, ont eu recours à des « tentatives » pour soumettre des candidatures, ce qui a conduit à un nombre élevé de candidatures incomplètes ou non conformes. Ce manque d’engagement dès le départ engorge le système et contribue à l’arriéré croissant de projets non approuvés.
Pour les développeurs, le temps, c’est de l’argent. Chaque retard dans l’approbation de Gateway 2 a un impact direct sur les délais du projet, augmentant les coûts et créant une incertitude pour les investisseurs. En conséquence, de nombreux projets stagnent ou sont carrément abandonnés, notamment ceux impliquant des bâtiments à haut risque de plus de 18 mètres de hauteur. Le secteur de la construction a déjà du mal à atteindre les objectifs ambitieux du gouvernement en matière de logement, et les obstacles réglementaires supplémentaires rendent ces objectifs encore plus hors de portée.
Impact sur le marché foncier et l'offre de logements
Les retards réglementaires dans Gateway 2 affectent non seulement les promoteurs, mais ont également un effet d'entraînement sur le marché foncier. Les promoteurs hésitent de plus en plus à investir dans de nouveaux projets, en particulier ceux impliquant des immeubles de grande hauteur ou complexes. Cette incertitude entraîne une stagnation de l'activité de construction, ce qui aggrave à son tour la pénurie de logements dans le pays. Les zones urbaines comme Londres, où les bâtiments à haut risque sont plus répandus, sont particulièrement vulnérables à ce ralentissement, car les promoteurs évitent les projets susceptibles de faire l'objet d'un examen réglementaire prolongé.
De plus, la surveillance réglementaire accrue fait grimper les coûts pour les promoteurs, qui doivent désormais allouer des ressources supplémentaires pour répondre aux normes de sécurité. Cela a un impact direct sur la rentabilité globale des projets. Gateway 2 devrait ajouter au moins neuf mois aux délais de développement, les développeurs étant obligés de naviguer dans une danse d'interprétation autour d'exigences vagues et souvent contradictoires. Les investisseurs et les bailleurs de fonds, méfiants de ces retards, sont de moins en moins disposés à s'engager dans des projets à moins que l'approbation de Gateway 2 n'ait déjà été obtenue, créant ainsi une situation sans issue pour les développeurs.
Une évolution vers des projets à moindre risque
En raison de ces défis, les promoteurs commencent à se concentrer sur des projets moins réglementés et à plus faible densité, qui sont moins susceptibles d'être soumis au même niveau de surveillance. Dans l'espoir d'obtenir des autorisations plus rapides, beaucoup optent pour des projets de moins de huit étages, évitant ainsi les réglementations les plus strictes. Cette tendance a un impact significatif sur le marché du logement, car la réduction des projets de grande hauteur limite le nombre de logements pouvant être livrés, en particulier dans les zones urbaines où les développements à haute densité sont essentiels pour répondre à la demande.
Ce changement d’orientation peut offrir une solution à court terme aux promoteurs, mais il soulève de sérieuses questions sur l’avenir du développement urbain au Royaume-Uni. Le pays étant en proie à une crise du logement, le besoin de logements à haute densité n’a jamais été aussi grand. Si les promoteurs continuent de se détourner des projets de grande hauteur en raison de l'incertitude réglementaire, la pénurie de logements ne fera que s'aggraver et l'objectif ambitieux du gouvernement de construire 1,5 million de logements d'ici la fin de cette législature deviendra de plus en plus inaccessible.
Retards en matière de sécurité incendie et de planification
Le rôle de la sécurité incendie dans l'aménagement du territoire ajoute à la complexité du processus d'approbation. Les autorités de planification locale (LPA) sont désormais tenues de demander conseil au Health and Safety Executive (HSE) pour tout bâtiment concerné, et les promoteurs doivent soumettre une déclaration d'incendie dans le cadre de leurs demandes de planification. Le HSE évalue ensuite chaque demande quant à sa conformité aux règles de sécurité incendie.
La nécessité d’une réforme de la réglementation
Le cadre réglementaire actuel, bien que bien intentionné, s'avère être un obstacle majeur pour le secteur de la construction au Royaume-Uni. Le régulateur de la sécurité des bâtiments, malgré son objectif d'assurer la sécurité, a du mal à répondre aux demandes du secteur, et ses délais de réponse lents ont un impact profond sur l'offre de logements. Même si le régulateur vise à répondre aux demandes de Gateway 2 dans un délai de 12 semaines, il peut demander un délai supplémentaire, ce qui retarde encore davantage les projets et ajoute à la frustration des développeurs.
Le secteur de la construction réclame un processus d'approbation plus rationalisé qui équilibre le besoin de sécurité avec l'urgence de la crise du logement. Un engagement précoce avec les promoteurs, une communication claire sur les exigences réglementaires et un système plus efficace de traitement des demandes sont essentiels si le Royaume-Uni veut atteindre ses objectifs en matière de logement. Sans réforme, l'arriéré de projets non approuvés continuera de croître et la crise du logement dans le pays s'aggravera.
Conclusion : briser le goulot d'étranglement
Les retards dans le processus d'approbation de la sécurité des bâtiments au Royaume-Uni menacent de faire dérailler les plans de développement du logement du pays. Gateway 2, bien qu'essentiel pour assurer la sécurité des bâtiments à haut risque, s'avère être une pierre d'achoppement majeure pour les promoteurs, avec seulement 14 % des demandes approuvées au cours de l'année écoulée. Le secteur de la construction est confronté à une hausse des coûts, à une incertitude croissante et à un arriéré croissant de projets non approuvés, qui contribuent tous à un ralentissement de l'offre de logements.
Si le Royaume-Uni souhaite sérieusement résoudre la crise du logement, il doit réformer son cadre réglementaire pour garantir que les promoteurs puissent suivre le processus d'approbation sans retards inutiles. Un système plus rationalisé et plus efficace est nécessaire, un système qui maintienne des normes de sécurité élevées tout en permettant au secteur de la construction de faire ce qu'il fait de mieux : construire. Sans réforme, l'objectif du gouvernement de construire 1,5 million de logements d'ici la fin de cette législature restera hors de portée et la crise du logement continuera de s'aggraver.