Le gouvernement avait définitivement besoin d’une réinitialisation. Mais il a raté une mission cruciale.
Adrian Ramsay est co-leader du Parti vert d'Angleterre et du Pays de Galles et député de Waveney Valley
Appelez cela une réinitialisation, appelez cela un « plan de changement », l'administration du premier ministre avait désespérément besoin d'une relance. Les travaillistes ont connu des premiers mois difficiles, parsemés de faux pas depuis la fin de l'allocation de carburant en hiver jusqu'à un budget qui pénalise les petites entreprises et les employeurs et n'améliorera pas le niveau de vie des gens.
Nous avons donc maintenant les nouvelles priorités du gouvernement, du logement aux listes d'attente du NHS en passant par l'éducation de la petite enfance. L’ambition d’une Grande-Bretagne de devenir une superpuissance en matière d’énergie propre se retrouve sur la liste mais, de manière décevante, l’ambition a été affaiblie à 95 % d’énergie propre d’ici 2030 – le même objectif fixé par le précédent gouvernement conservateur.
Ce qui est encore plus décevant, c'est le silence sur la manière dont nous devrions nous adapter aux impacts du dérèglement climatique qui affectent actuellement nos communautés.
Même si nous parvenons à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, ce qui semble de plus en plus improbable à mesure que les émissions continuent d'augmenter et que les efforts mondiaux de décarbonisation s'essoufflent, des changements importants dans le climat et dans nos systèmes météorologiques seront inévitables. Cela signifie que le Royaume-Uni sera confronté à davantage de changements climatiques. de graves inondations fréquentes et des vagues de chaleur estivales plus fréquentes.
Cet automne, nous avons tous été choqués par les images venues d'Espagne, où la région de Valence a été frappée par des inondations dévastatrices qui ont détruit des maisons, des ponts, des routes et coûté des centaines de vies. Le coût pour l’économie espagnole est énorme. La région de Valence a demandé plus de 30 milliards d'euros d'aide et les coûts d'assurance devraient s'élever à plusieurs milliards supplémentaires.
Sommes-nous si sûrs que des inondations catastrophiques similaires ne pourraient pas se produire ici au Royaume-Uni ? Les tempêtes qui ont frappé certaines parties de l'Angleterre et du Pays de Galles cet automne n'étaient pas aussi violentes que celles qui ont frappé l'Espagne, mais elles ont néanmoins provoqué l'inondation de centaines de maisons dans les Midlands et le Sud, révélant ainsi l'insuffisance totale de nos défenses contre les inondations. Plus de la moitié de la population déclare ne pas être équipée pour faire face aux inondations et aux dégâts qu'elles pourraient causer à leur maison.
La nécessité de s’adapter à un climat différent et plus instable ne devrait pas surprendre le gouvernement. Ses propres conseillers, le Comité sur le changement climatique, ont publié un rapport sur le programme national d’adaptation plus tôt cette année et celui-ci s’est montré cinglant.
Le Royaume-Uni est loin de répondre aux besoins. Les plans d’adaptation n’ont ni le rythme ni l’ambition nécessaires pour faire face aux risques climatiques actuels. Moins de la moitié des actions à court terme nécessaires pour faire face aux risques les plus urgents sont en cours. Il n’y a pas de vision et l’approche actuelle ne fonctionne pas.
Ainsi, même si je salue l’ambition du gouvernement de faire du Royaume-Uni une superpuissance énergétique propre afin de réduire nos émissions de carbone, les ministres ne répondent pas maintenant à la nécessité de s’adapter et de renforcer la résilience. Et à certains égards, nous reculons.
Prenons par exemple l’ambition de construire davantage de logements. Nous avons besoin de toute urgence de davantage de logements, en particulier de logements plus abordables et de logements construits pour un loyer social. Mais construire sur des plaines inondables condamne non seulement les futurs propriétaires à la misère d’éventuelles inondations, mais empêche également les terres d’absorber et de retenir les eaux de crue comme le voulait la nature.
Permettre aux plaines inondables de faire leur travail n’est pas la seule solution fondée sur la nature qui est négligée. Nous devons réparer les dégâts causés par les générations précédentes et replanter des haies et des arbres, rembobiner les rivières et créer des étangs pour retenir les eaux de crue. La nature est notre alliée pour nous adapter au changement climatique : nous ne devons pas l’ignorer.
Les inondations ne constituent pas le seul risque pour les moyens de subsistance des populations et pour l'économie. Il en va de même pour la chaleur extrême. Nous avons déjà observé des températures supérieures à 40 °C au Royaume-Uni, ce qui, selon les scientifiques, est dû uniquement au changement climatique. Notre infrastructure doit être résiliente à ces températures extrêmes afin que les chemins de fer ne fléchissent pas et que les gens ne cuisinent pas chez eux. La rénovation des maisons ne consiste pas seulement à les isoler pour garder les gens au chaud en hiver. Il s'agit également de méthodes pour les garder au frais en été. Plus de la moitié des logements risquent de surchauffer, ce qui donne une idée de l’ampleur du défi. Sur ce point, le Gouvernement n'a rien à dire.
Nous ne devons pas non plus ignorer l’impact des températures extrêmes sur notre sécurité alimentaire. Le Comité sur le changement climatique a averti il y a cinq ans que des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents endommageraient les cultures et le bétail, rendant les prix alimentaires plus volatils. La perte de biodiversité pourrait avoir un impact encore plus important, rendant les cultures plus vulnérables aux ravageurs et aux agents pathogènes.
Alors oui, Monsieur le Premier Ministre, votre gouvernement avait besoin d’une réinitialisation. Mais vous avez raté une mission essentielle : un plan national d’adaptation visant à préserver notre sécurité alimentaire, à mieux préparer le pays à un avenir caractérisé par des conditions météorologiques plus extrêmes et à placer la nature au cœur de notre réponse au changement climatique.