Dissertation
Comment expliquer la diversité des politiques de l’emploi ?
Analyser la consigne et dégager une problématique
Problématique. Il faut montrer que la complexité du chômage nécessite une diversité des politiques de l’emploi devant permettre de lutter contre les différentes formes de chômage frappant les économies.
Exploiter les documents
Document 1. En quoi le diplôme est-il un rempart contre le chômage ? Qu’en déduire quant aux politiques de l’emploi ?
Document 2. À quelles politiques de l’emploi peut-on relier les mesures décrites ? À quel(s) type(s) de chômage répondent-elles ?
Document 3. Quelle corrélation peut-on établir entre l’indicateur de protection de l’emploi, c’est-à-dire le niveau de flexibilité du marché du travail, et le taux de chômage ? La corrélation est-elle toujours vérifiée ? Qu’en déduit-on ?
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Introduction
[accroche] Dans nos sociétés l’emploi reste le principal vecteur de l’intégration sociale tandis qu’un niveau élevé de chômage nuit à la cohésion sociale. [présentation du sujet] Les gouvernements ont pour priorité de lutter contre ce fléau : ils mettent alors en œuvre des politiques de l’emploi, entendues comme un ensemble de mesures prises par les pouvoirs publics pour réduire le chômage. Mais les causes de ce dernier sont multiples, ce qui peut expliquer la diversité de ces politiques de l’emploi. [problématique] Dès lors, le problème est de savoir comment articuler ces diverses politiques pour réduire les différentes formes de chômage. [annonce du plan] Nous étudierons successivement les principales politiques de l’emploi correspondant à des causes majeures du chômage : politiques de soutien de la demande pour agir sur le chômage conjoncturel, politiques d’allègement du coût du travail pour lutter contre le chômage classique, et enfin politiques de formation et de flexibilisation du marché du travail pour répondre au chômage structurel.
I. Les politiques de soutien de la demande pour lutter contre le chômage conjoncturel
1. Le chômage conjoncturel
Pour John Maynard Keynes, le chômage s’explique par l’insuffisance de la demande anticipée sur le marché des produits. Les entreprises, par manque de débouchés, n’augmentent pas leurs capacités de production et ne créent pas d’emplois, provoquant alors du chômage, qualifié de conjoncturel.
Plus généralement, les fluctuations de l’économie sont sources de chômage. La croissance est en effet irrégulière. Suite à des chocs négatifs de demande, c’est-à-dire la baisse d’une des composantes de la demande globale, un pays peut traverser une période de récession, voire de dépression, à l’instar de la Grèce, qui s’accompagne d’une hausse du chômage. En 2013, 27,5 % des actifs grecs sont au chômage, c’est près de quatre fois plus qu’au Danemark (document 3).
2. Les politiques macro-économiques de soutien de la demande globale
Pour relancer l’activité économique, les pouvoirs publics disposent d’un premier instrument, le budget de l’État, qui peut servir à augmenter les dépenses publiques ou à baisser les impôts afin de soutenir la demande. Par exemple, afin d’endiguer la dépression des années 1930, le président américain Franklin Delano Roosevelt a mis en œuvre une politique de soutien à la demande globale, c’est-à-dire des mesures budgétaires expansives, appelée le New Deal.
Le second instrument des pouvoirs publics est la politique monétaire, via une baisse des taux d’intérêt directeurs pour stimuler les débouchés. Après la crise de 2008, la Banque centrale européenne (BCE) a considérablement réduit ses taux d’intérêt pour diminuer le coût du crédit, relancer l’investissement et ainsi soutenir la demande globale.
II. Les politiques d’allègement du coût du travail pour lutter contre le chômage classique
1. Le chômage classique
Dans l’analyse néoclassique du marché du travail, un coût du travail trop élevé peut causer du chômage. Les institutions peuvent en être à l’origine. Par exemple, suite à des revendications syndicales, le salaire peut s’élever au-dessus de celui d’équilibre, c’est-à-dire le salaire égalisant offre et demande de travail. La régulation par les prix étant impossible, l’ajustement va alors se faire par les quantités : du chômage apparaît.
Embaucher des actifs peu qualifiés, ou avec peu d’expérience, peut sembler peu rentable pour une entreprise quand elle compare leur niveau de productivité à leur coût, c’est-à-dire au salaire versé. Les actifs à faible productivité (jeunes, peu qualifiés) connaissent ainsi des taux de chômage plus élevés. En 2013, celui des 15-24 ans est plus de deux fois supérieur au taux de chômage moyen (document 3). En 2016, un actif sans diplôme sur deux, en début d’insertion professionnelle, est au chômage en France (document 1).
2. Les politiques d’allègement du coût du travail
Le coût du travail correspond à ce que versent les entreprises en salaires nets et cotisations sociales salariales, appelées aussi charges sociales. Pour alléger le coût du travail, les pouvoirs publics peuvent prendre différentes mesures. Il s’agit d’inciter les entreprises à embaucher, notamment des salariés à faible productivité. En premier lieu, l’État peut baisser les cotisations sociales ou accorder du crédit d’impôt sur les sociétés pour les salaires proches du SMIC (document 2). En second lieu, il peut aussi limiter les hausses de ce salaire minimum.
D’autres mesures peuvent être combinées pour les moins employables, comme les emplois subventionnés par les pouvoirs publics. En Allemagne, le gouvernement a fait le choix de proposer des mini-jobs, c’est-à-dire des emplois à temps partiel, sans cotisations sociales, dont les salaires sont plafonnés à un niveau bas. Et c’est dans ce pays que l’écart entre le taux de chômage moyen et celui des actifs de moins de 24 ans est le plus faible (document 3).
III. Les politiques de flexibilisation et de formation pour réduire le chômage structurel
1. La politique de formation
Le chômage structurel est lié en partie à l’inadéquation de la formation des actifs avec les besoins des entreprises. Celles-ci demandent un travail de plus en plus qualifié, provoquant le chômage des moins diplômés ou des moins expérimentés. Quelle que soit l’ancienneté sur le marché du travail, on peut remarquer que les actifs non diplômés connaissent les taux de chômage les plus élevés (document 1).
Le développement de la formation des actifs peu qualifiés accroît leur polyvalence et les rend dès lors plus employables. Il peut s’agir notamment d’encourager la formation continue au sein des entreprises ou encore de mettre en place des programmes ciblant les chômeurs de longue durée, les plus éloignés du marché du travail.
2. Les politiques de flexibilisation du marché du travail
Le chômage structurel a également pour origine un marché du travail trop rigide empêchant les entreprises de moduler leur demande de travail en fonction de leurs besoins. Au Portugal, en Espagne et en Italie, les règles de licenciement sont plus contraignantes, et le taux de chômage y est élevé (document 3).
La flexibilisation du marché du travail (création d’emplois temporaires, facilités pour licencier) favorise l’adéquation entre offre et demande de travail en réduisant les rigidités institutionnelles, sources de chômage. Dans les pays anglo-saxons et au Danemark, la flexibilité du marché du travail s’accompagne d’un taux de chômage modéré, autour de 7 % (document 3).
Conclusion
[bilan] Le chômage est un phénomène complexe car on ne peut lui attribuer une seule cause, d’où la diversité des politiques pour lutter contre lui. Les causes conjoncturelles du chômage nécessitent des mesures de relance. Mais il peut aussi être dû à un coût du travail trop élevé. Pour le réduire, l’exonération des cotisations sociales pour les emplois dont le niveau de salaire est proche du salaire minimum est une mesure appropriée. Par ailleurs, les actions de formation doivent améliorer l’employabilité des actifs les moins qualifiés. Enfin, d’autres mesures pour rendre le marché du travail plus fluide doivent également permettre de diminuer le chômage structurel. [ouverture] Cette diversité des politiques de l’emploi n’a pas empêché la persistance d’un chômage de masse, lequel peut fragiliser une partie de la population et ainsi menacer la cohésion sociale.