Dissertation : L’action collective
Analyser la consigne et dégager une problématique
Problématique. L’action collective s’est transformée au fil des années, et s’est diversifiée. Si elle a été, un temps, dominée par les conflits du travail, d’autres formes se sont développées, portées par de nouveaux acteurs sur de nouveaux enjeux avec de nouveaux moyens d’action.
Exploiter les documents
Document 1. Dans ce graphique, deux variables sont exposées d’un point de vue chronologique : la part en pourcentage des entreprises de plus de 10 salariés du secteur marchand non agricole touchées par une grève et le nombre de jours de grèves pour 1 000 salariés. Faites attention à la double échelle. À quel type de conflit renvoie l’usage de la grève ?
Document 2. Ce tableau met en lumière différents types d’engagement des 18-30 ans. Renvoient-ils aux mêmes répertoires d’action collective ? Quels en sont les enjeux ?
Document 3. Ce texte évoque la « consommation engagée ». En quoi celle-ci porte-elle sur des enjeux, des registres d’action et des acteurs différents ?
Document 4. Ce diagramme montre comment évolue le taux d’adhésion à des associations de défense de droits ou d’intérêts.
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Introduction
[accroche] Mouvement social contre la réforme des retraites, marches pour le climat, grève des salariés de Michelin… [présentation du sujet] L’actualité de la société française contemporaine est riche d’actions collectives qui résultent de l’engagement pour défendre une cause ou faire valoir des idées ou des revendications. [problématique et annonce du plan] Toutes ces mobilisations sont-elles de même nature ? Nous montrerons que l’action collective s’est transformée et s’est diversifiée au cours du temps. Si les conflits du travail et des formes d’engagement traditionnelles existent toujours (partie I), des formes renouvelées d’action se sont développées (partie II).
I. La permanence des formes traditionnelles d’action collective
1. Les actions collectives liées aux échéances électorales
Les échéances électorales régulières génèrent un engagement politique citoyen et des actions collectives spécifiques. Le vote apparaît pour plus d’un jeune de 18-30 ans sur deux comme le moyen d’expression le plus efficace en 2018, même si cette proportion baisse significativement (– 12 points en 8 ans) et que l’on constate la montée régulière de l’abstention (document 2).
En revanche, militer dans un parti politique apparaît comme un moyen d’expression efficace pour seulement 8 % des jeunes en 2018 (document 2). Pourtant, le parti politique est aujourd’hui encore l’institution centrale du système électoral, sélectionnant et promouvant les candidats sur la base d’un programme.
2. Les actions liées aux conflits du travail
Les actions collectives mises en œuvre dans le monde du travail restent importantes en dépit de la tendance à la baisse des grèves par rapport aux décennies 1960-1970. Depuis les années 2000, le nombre de jours de grèves pour 1 000 salariés oscille entre 164 en 2005 et 75 en 2017, avec de fortes fluctuations conjoncturelles (318 en 2010, liés au mouvement social contre la réforme des retraites). Si 2,7 % des entreprises de 10 salariés et plus du secteur marchand non agricole déclaraient au moins une grève en 2005, c’était le cas de 1,6 % d’entre elles en 2017 et 3,3 % en 2010 (document 1).
Les syndicats jouent un rôle important dans l’action collective des salariés et les conflits du travail, en dépit d’un taux de syndicalisation faible en France (évalué pour les salariés du privé et du public à environ 10 % aujourd’hui). Ils structurent les mouvements sociaux, portent les revendications, conduisent les négociations.
II. Le développement de nouvelles formes d’action collective
1. De nouveaux enjeux de l’action collective
Les motivations de l’action collective se sont largement diversifiées depuis plusieurs décennies, s’orientant vers de nouveaux enjeux de société, réclamant l’accès et l’égalité aux droits pour les femmes (interruption volontaire de grossesse, salaires) ou les minorités sexuelles, condamnant les atteintes environnementales et luttant contre le changement climatique.
Les actions relevant de la consommation engagée se sont largement développées. Une part importante des consommateurs déclare être attentive aux préoccupations sociales ou environnementales dans les décisions d’achats, utilisant le boycott à l’égard de produits issus du travail des enfants ou polluant et déclarant être prête à payer plus cher des produits respectant ces exigences (document 3).
2. De nouveaux acteurs et de nouvelles modalités d’action
Ces formes renouvelées d’actions collectives s’accompagnent de l’émergence de nouveaux acteurs, souvent issus du monde associatif ou de collectifs. Même si le taux d’adhésion dans les associations de défense de droits ou d’intérêts a globalement baissé entre 1983 et 1996, il apparaît stable voire augmente selon les tranches d’âge, atteignant près de 25 % chez les 40-49 ans et près de 15 % chez les 65 ans et plus (document 4).
Ces mouvements mettent en évidence les nouveaux registres d’action. Utilisant des moyens spectaculaires pour frapper les esprits, s’appuyant sur les médias et les réseaux sociaux, ils cherchent à faire connaître au plus grand nombre leurs revendications et à les rendre légitimes. L’occupation de zones à défendre (ZAD), comme à Notre-Dame-Des-Landes pour s’opposer à la construction d’un aéroport, apparaît également comme une forme nouvelle de mobilisation. Ces registres se révèlent complémentaires aux manifestations qui sont toujours considérées comme un moyen d’expression efficace pour 42 % des jeunes de 18-30 ans en 2018, près de deux fois plus qu’en 2010 (document 2).
Conclusion
[bilan] On constate donc une grande diversité de l’action collective dans les sociétés occidentales contemporaines, les mobilisations traditionnelles côtoyant des formes nouvelles d’engagement et d’action. [ouverture] Le mouvement écologique serait-il devenu ce qu’a été un temps la lutte ouvrière, un élément central et structurant de l’ensemble des mobilisations collectives ?