Dissertation : Les fondements du commerce international
Analyser la consigne et dégager une problématique
Problématique. Le sujet invite à rechercher les différentes causes du commerce international. On peut ainsi distinguer les facteurs qui expliquent les échanges entre pays différents et ceux qui concernent des pays comparables, tout en s’interrogeant sur le rôle des agents économiques : pays, firmes et consommateurs.
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Document 1. Quels types de biens et services sont principalement exportés et importés par la France en 2015 et en 2018 ? Quels sont les produits pour lesquels la France exporte plus qu’elle n’importe ? Quels sont ceux qui font l’objet d’échanges interbranches ? Qu’en déduire ?
Document 2. À quel rythme ont évolué le commerce mondial de marchandises et le produit intérieur brut (PIB) réel mondial depuis 2008 ? Quels liens peut-on établir entre les deux évolutions ?
Document 3. En quoi la nature des échanges croisés entre la France et le Qatar nous renseigne-t-elle sur les avantages comparatifs et la spécialisation des deux pays ?
Document 4. Comparez les parts de la valeur ajoutée étrangère dans la valeur des exportations brutes de différents pays présentés. Quels liens peut-on établir avec l’internationalisation de la production et les stratégies des firmes ?
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Introduction
[accroche] Bien qu’il marque le pas à la suite de la crise de 2008, le commerce international a tendance à croître fortement depuis une cinquantaine d’années. [présentation du sujet] Entendu au sens large comme l’ensemble des échanges internationaux de matières premières, de produits semi-finis, de produits finis mais aussi de services, il a été encouragé par les organisations internationales et les États, majoritairement favorables au libre-échange après la fin de la Seconde Guerre mondiale. [problématique] Il convient de s’interroger sur les multiples facteurs qui expliquent à la fois l’importance de ce commerce mondial mais aussi, sur le long terme, son développement. [annonce du plan] En premier lieu, nous analyserons les facteurs des échanges entre économies différentes, puis, en second lieu, nous expliquerons l’essor du commerce entre économies semblables.
I. Commerce international et différences entre économies
1. La thèse des avantages comparatifs
Au xixe siècle, David Ricardo, un économiste classique anglais, a théorisé les bienfaits du libre-échange. Il prend l’exemple de l’Angleterre et du Portugal qui ont chacun un plus grand avantage comparatif à produire respectivement du drap et du vin. Chaque pays se spécialise alors dans la production dans laquelle il est relativement le plus productif et importe les biens qu’il ne produit pas.
Au xxe siècle, d’autres économistes ont enrichi les travaux de Ricardo en expliquant les échanges internationaux par d’inégales dotations factorielles. Certains pays ont un facteur de production plus abondant qu’ils pourront se procurer à moindre coût. Ils ont alors intérêt à se spécialiser dans les productions utilisant intensément le facteur de production abondant et à importer les autres productions.
2. La spécialisation des économies à la base du commerce international
Les pays qui se spécialisent vont donc exporter les biens ou services pour lesquels ils bénéficient d’avantages comparatifs en termes de productivité ou de dotations factorielles. Ils vont donc réaliser des échanges interbranches. Par exemple, les importations de la France en provenance du Qatar, dont le sous-sol regorge d’hydrocarbures, sont constituées à 86,1 % de gaz naturel et de produits pétroliers (document 3). Mais les avantages comparatifs peuvent également se construire : on parle alors de dotations technologiques. La France a ainsi fait de certaines de ses industries de véritables « fers de lance » de son économie. C’est le cas de l’aéronautique : en 2018, 77 % de ses exportations à destination du Qatar concernent des aéronefs et engins spatiaux (document 3). Et environ 25 % de ses exportations industrielles totales sont constituées de matériels de transport (document 1).
Les firmes s’appuient sur la spécialisation des territoires pour localiser leur production : elles vont ainsi profiter des avantages comparatifs à chaque stade de la production, d’autant que les coûts de transport baissent. La fragmentation croissante de la chaîne de valeur qui en résulte donne naissance à une hausse du commerce de produits semi-finis. L’examen de la valeur ajoutée de la production destinée à l’exportation montre ainsi qu’une partie est imputable aux importations : c’est le cas, en 2016, de 40 % des biens et services exportés par l’Irlande (document 4).
3. Le commerce mondial, source de multiples avantages
Ricardo a démontré que les pays qui se spécialisaient réalisaient un gain en commerçant entre eux. Les échanges internationaux sont depuis considérés comme un moteur essentiel de la croissance. Depuis 2008, le commerce mondial de marchandises et le PIB mondial évoluent de manière parallèle : ils ont tous deux augmenté de 25 % environ en dix ans, tandis que le tassement du PIB mondial qui a suivi la crise de 2008 s’est accompagné d’une baisse de 12 % du commerce mondial de biens (document 2).
En se tournant vers le commerce international, les firmes peuvent profiter d’une diminution des coûts de production liée aux avantages comparatifs. Elles peuvent ainsi améliorer leur compétitivité-prix. Les ménages vont pouvoir profiter d’une baisse des prix, qui alimente la demande. À l’échelle macro-économique, les avantages qui en résultent favorisent la croissance.
II. Un commerce mondial favorisé par les échanges entre économies semblables
1. De nombreux échanges entre économies comparables
Depuis la création du GATT en 1947, remplacé par l’OMC en 1995, les accords de libre-échange se multiplient. On voit alors croître les échanges dits intra-zone, concernant des pays proches géographiquement et parfois économiquement. L’élargissement des marchés permet aux firmes de réaliser des économies d’échelle et de gagner en compétitivité-prix.
Les échanges peuvent concerner un même type de produits : on parle alors d’échanges intrabranches. En 2018, la France exporte des produits agricoles et de la pêche et en importe également pour des montants relativement proches. Il en est de même pour les matériels de transport (document 1).
2. La recherche de différenciation des produits
Dans un contexte de mondialisation accrue, les firmes vont essayer de se soustraire à la concurrence en menant des stratégies de différenciation de produits, source de compétitivité hors-prix. La mise sur le marché de produits aux caractéristiques différentes va ainsi alimenter le commerce mondial.
Dans la seconde moitié du xxe siècle, différents économistes ont mis en évidence la demande de différence des consommateurs. Des produits, en apparence similaires, peuvent présenter des caractéristiques différentes. Si, par exemple, la France importe des voitures d’Allemagne, elle en exporte également : il s’agit de biens au design et à la qualité distincts. Les échanges internationaux permettent ainsi aux ménages de satisfaire ce besoin de variété.
3. La fragmentation des chaînes de valeur dans des économies comparables
Pour optimiser la production et gagner en compétitivité, les firmes peuvent choisir de se concentrer sur leur métier de base. Par exemple, les fabricants automobiles font appel à des équipementiers qui vont leur fournir des pièces détachées : des pare-brise, des pots d’échappement, etc. Une partie de la production est ainsi externalisée, c’est-à-dire confiée à des sous-traitants. Les firmes mettent alors en concurrence différents fournisseurs, dont certains peuvent se situer à l’étranger, contribuant à fragmenter la chaîne de valeur mondiale.
L’internationalisation de la production qui en résulte peut ainsi concerner des économies semblables. La réalisation du produit fini va nécessiter d’importer des biens intermédiaires ou semi-finis, certains pouvant franchir la frontière plusieurs fois. La valeur ajoutée créée dans la plupart des pays de l’OCDE provient de productions réalisées en partie à l’étranger (document 4). Les stratégies des firmes conduisent ainsi à un essor du commerce mondial.
Conclusion
[bilan] Une multiplicité de facteurs explique le commerce international. Une partie des échanges vient de la complémentarité des spécialisations des économies, en raison d’avantages comparatifs. En outre, les firmes, en fragmentant leur chaîne de valeur pour profiter de ces avantages, vont elles-mêmes être à l’origine d’échanges. Mais le commerce mondial concerne également des économies comparables, permettant aux entreprises de gagner en compétitivité et aux consommateurs de répondre à leurs besoins. [ouverture] La crise sanitaire que traverse l’économie mondiale en 2020 nourrit les critiques à l’encontre de la mondialisation, déjà pointée du doigt pour les dommages créés à l’environnement. Une relocalisation d’activités et une baisse des échanges sont-elles possibles ? La forte imbrication des économies semble pourtant difficilement contournable…