Dissertation
Produire et diffuser des connaissances
Analyser le sujet
Dégager la problématique
Produire et diffuser relèvent de deux dynamiques complémentaires pour les États. La quantité de connaissances augmente avec la mondialisation et leur maîtrise est indispensable pour rester un moteur de ce processus.
Comment les États ont-ils fait de la production et de la diffusion des connaissances un instrument de puissance et de domination ?
Construire le plan
Un plan thématique permet d’insister sur l’inégal accès des sociétés aux connaissances dans le temps et dans l’espace.
Corrigé
Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.
Introduction
[Accroche] Pour faire face au SIDA, les médecins ont collaboré entre eux et ainsi découvert la trithérapie en 1996, permettant de contenir les symptômes. [Présentation du sujet] Cet exemple démontre l’importance de la production et de la diffusion des connaissances pour qu’un État soigne sa population, l’instruise, se défende et réponde aux risques majeurs. « Produire » des connaissances paraît donc capital pour un pays dans le but d’améliorer les conditions de vie de sa population, alors que le terme « diffuser » renvoie aux moyens utilisés pour répandre cette information vers la population et l’échanger éventuellement avec d’autres pays. [Problématique] Comment les États ont-ils fait de la production et de la diffusion des connaissances un instrument de puissance et de domination ? [Annonce du plan] Il est d’abord primordial de permettre l’accès à la connaissance pour la majorité de leur population [I] ; or, seul l’État peut répondre à ce défi en organisant les moyens de production et de diffusion des connaissances [II], puis à l’échelle mondiale les échanges d’informations sont devenus nécessaires pour répondre à des défis globaux [III].
I. Accéder à la connaissance
1. Un accès limité aux savoirs
Au cours de l’histoire, l’accès aux connaissances s’est d’abord fait par les textes, avant de passer par l’expérimentation. En Europe, jusqu’à la Renaissance, la parole biblique ne peut être remise en question, ce qui limite le travail des scientifiques. Dans les universités, les étudiants travaillent alors essentiellement sur des textes philosophiques et religieux faisant autorité. Il en est de même en Chine, où les écrits du philosophe Confucius sont censés contenir la majorité du savoir nécessaire.
L’invention de l’imprimerie à caractères mobiles par Gutenberg au milieu du xve siècle permet de reproduire les livres en grande quantité et ouvre donc le savoir à une plus grande partie de la population. Pour autant, seules la noblesse et une partie de la bourgeoisie ont accès à la lecture. En France, il faut attendre la fin du xixe siècle et les lois de Jules Ferry de 1881-1882 pour que la majorité de la population soit alphabétisée.
2. Le poids des inégalités
La production et la diffusion des connaissances dépendent de l’alphabétisation de la population. Dans ce domaine, la situation varie considérablement selon les pays. Si le taux d’alphabétisation s’élève à 94 % en Afrique du Sud, il n’est que de 32 % au Soudan du Sud.
Au-delà de ces différences géographiques, les inégalités hommes/femmes persistent, en particulier dans les pays en développement. Par exemple, en Afrique subsaharienne, 74 % des hommes sont alphabétisés contre 51 % des femmes. En France, les jeunes filles ont dû attendre jusqu’en 1924 pour avoir le droit de passer le baccalauréat et suivre les mêmes programmes du secondaire que les garçons.
[Transition] Le large accès à la connaissance apparaît donc comme un processus historique marqué par des inégalités géographiques et sociales.
II. Le rôle primordial de l’État
1. L’expérience, clé du savoir
Les scientifiques progressent en réalisant des expériences. Au départ, l’initiative peut être individuelle ; Léonard de Vinci, par exemple, dissèque des corps humains pour en comprendre le fonctionnement. Puis les États encadrent ces pratiques au xviie siècle avec les académies des sciences.
La recherche se professionnalise en France au xixe siècle. Henri Becquerel découvre en 1896 la capacité de l’uranium à émettre un rayonnement naturel spontané, alors que Pierre et Marie Curie trouvent avec le radium et le polonium deux éléments bien plus radioactifs. Les trois chercheurs obtiennent conjointement le prix Nobel en 1903 pour leurs découvertes.
2. Le temps du débat
Les échanges et débats avec la communauté scientifique permettent d’améliorer et de valider les découvertes, puis de contester certaines idées. Le naturaliste Charles Darwin énonce en 1859 la théorie de l’évolution des espèces. Le mouvement créationniste, pensant que Dieu est à l’origine de toute création, rejette les idées de Darwin malgré ses preuves scientifiques.
Ces connaissances sont d’abord présentées dans des revues scientifiques, avant d’être diffusées auprès du grand public via des médias plus accessibles comme les revues de vulgarisation.
Pour protéger leurs découvertes, les scientifiques doivent déposer des brevets par lesquels l’État donne la propriété intellectuelle d’une invention à celui qui l’a découverte. Aujourd’hui, c’est la Chine qui dépose le plus de brevets.
[Transition] L’État est devenu l’acteur central de la production et de la diffusion des connaissances. À l’heure de la mondialisation, ces connaissances sont certes au cœur des échanges, mais elles font également l’objet d’une concurrence entre les pays les plus puissants.
III. Échanger les connaissances
1. Le rôle de la mondialisation
Si les savants ont besoin d’échanger sur leurs recherches pour progresser, la rivalité inter-étatique apparaît aussi comme un moteur pour le développement de nouvelles connaissances. Par exemple, les échanges entre les chercheurs français et allemands permettent dans les années 1930 de remarquables avancées sur la radioactivité, puis les États-Unis s’appuient sur ces éléments pour utiliser le nucléaire à des fins militaires.
La collaboration est également nécessaire face à des dangers communs. La diffusion du Covid-19 à l’échelle mondiale en 2020 force les États à s’échanger des informations pour comprendre le virus, lutter contre sa propagation et le traiter.
2. La connaissance, instrument de puissance
La maîtrise de la connaissance est un moyen de renforcer la puissance des États puis des firmes transnationales dont le rôle est capital dans certains pays. La puissance de Samsung et ses innovations dans la téléphonie mobile expliquent en partie le développement de la Corée du Sud.
La connaissance est également un élément majeur du soft power. Les États-Unis disposent du plus grand nombre de prix Nobel, même si certains chercheurs n’y sont pas nés, comme l’économiste française Esther Duflo, prix Nobel d’économie 2019, qui travaille aux États-Unis.
Conclusion
[Réponse à la problématique] La production et la diffusion de connaissances sont longtemps restées le fait d’une élite. Pourtant, l’État a rapidement encadré ces pratiques afin de renforcer sa puissance et s’affirmer dans tous les domaines par rapport à ses concurrents. [Ouverture] La production et la diffusion de connaissances n’ont jamais été aussi massives. Il convient désormais de les encadrer à l’échelle mondiale pour répondre au mieux à des phénomènes globaux tels le développement durable, l’alimentation ou la lutte contre les pandémies.