La privatisation et les profits ne limiteront pas les températures mondiales à 1,5 degré
Notre monde en surchauffe est sur le point de franchir pour la première fois la limite de température clé de 1,5 degrés Celsius, selon les scientifiques. L’augmentation des émissions provenant des activités humaines a augmenté les chances de dépasser le seuil de 1,5 °C. Bien que le dépassement temporaire de la limite soit préoccupant, cela signifie l’accélération du réchauffement climatique. Une hausse de seulement 1,5 degré risque la famine, la sécheresse, les inondations et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes qui constituent une menace importante pour la vie humaine.
Par conséquent, des changements significatifs doivent être apportés à la politique climatique. Alors que les géants des combustibles fossiles triplent leurs bénéfices en accélérant la crise climatique, un futur gouvernement travailliste doit s’engager à agir pour y faire face. Les entreprises énergétiques privées ne peuvent être tenues responsables de leurs actions dangereuses. Seule la propriété publique peut gérer le déclin rapide du secteur des énergies fossiles requis, tout en reconnaissant la nécessité d’une transition juste et de la protection des travailleurs.
Le secteur de l’énergie est l’un des secteurs les plus faciles à décarboner. L’énergie est aussi le plus gros émetteur de gaz à effet de serre, sa décarbonation aurait donc l’effet le plus important et le plus immédiat. Cependant, la décarbonisation rapide est freinée par la rentabilité des énergies fossiles. Les entreprises pétrolières et gazières ont continué d’investir dans l’extraction de combustibles fossiles en donnant la priorité à leurs énormes profits par rapport à la sécurité de la planète. Pour atteindre les réductions d’émissions nécessaires d’ici 2030, il est impératif d’éliminer rapidement les combustibles fossiles. Cela ne peut être réalisé que par la propriété publique.
Le système énergétique privatisé actuel a conduit à un moteur d’inégalité. Les compagnies pétrolières et gazières ont généré des profits odieux tandis que des millions de personnes souffrent de la précarité énergétique. British Gas a triplé ses bénéfices annuels tout en envoyant des hommes de main pour s’introduire dans les maisons des gens et installer des compteurs à prépaiement.
Les impôts exceptionnels sur les bénéfices excessifs ne suffisent pas à résoudre le problème. Le problème fondamental réside dans l’absence de contrôle démocratique et dans la nature axée sur le profit des sociétés privées opérant avec des capitaux privés. L’incitation à la décarbonation sera toujours éclipsée par les immenses profits que peut procurer l’exploitation des ressources de la planète. Par conséquent, ce n’est que sous contrôle public que la crise climatique deviendra une priorité pour le
secteur énergétique.
Un système public responsable empêcherait la politique axée sur le profit qui est à l’origine du changement climatique. Un organisme public assurerait la stabilité énergétique ainsi que la régulation des prix, prévenant la précarité énergétique des 3,26 millions de foyers qui en souffrent actuellement. Outre ses avantages économiques, l’absence d’actionnaires permettrait d’investir les bénéfices dans des infrastructures vertes, de faire baisser encore les prix pour les consommateurs et d’avoir un impact significatif sur les émissions.
L’engagement du parti travailliste à limiter l’extraction des gisements de pétrole et de gaz existants est un pas dans la bonne direction. Cependant, il est crucial de reconnaître qu’il y a déjà suffisamment de barils de pétrole et de gaz en exploitation pour dépasser les obligations de l’Accord de Paris. L’engagement énergétique de Starmer au Royaume-Uni serait sans aucun doute un pas vers le contrôle démocratique de l’énergie verte, mais le parti travailliste doit pousser encore plus loin. L’énergie britannique ne représente pas encore la pleine propriété publique de l’énergie – Les travaillistes doivent s’engager à reprendre les entreprises existantes, faisant d’une organisation publique démocratiquement responsable le seul fournisseur d’énergie au Royaume-Uni. Starmer doit accepter que la seule façon de rester en dessous d’une hausse de 1,5 degré est une action radicale (et électoralement bénéfique). Le travail doit suivre l’appel des principaux syndicats comme Unite pour amener l’industrie fossile dans la propriété publique.
L’appel de Unite pour la propriété publique est représentatif du soutien généralisé des syndicats. Les travailleurs doivent être au cœur d’une transition juste et les milliers d’emplois créés par l’énergie verte sont une opportunité d’offrir aux travailleurs des salaires et des conditions équitables. Une transition juste nécessite une planification minutieuse et réfléchie, mais c’est la seule voie à suivre. Un effort mené par les travailleurs pour mettre fin à la crise climatique doit être une priorité pour les travaillistes. La planification de la transition démocratique est essentielle pour diversifier
économiques et apporter un soutien aux travailleurs et aux communautés. Une transition juste vers les énergies renouvelables doit donner la priorité à la protection des économies et des travailleurs touchés dans les communautés dépendantes des combustibles fossiles.
Faire des compromis avec les géants des combustibles fossiles est vain. Le taux de rendement du pétrole et du gaz est supérieur à celui des énergies renouvelables, ce qui conduit des entreprises comme BP et Shell à privilégier les investissements dans les combustibles fossiles. Les impôts exceptionnels ne peuvent résoudre efficacement ce problème sans un contrôle sur les décisions d’investissement. La pleine propriété publique du système énergétique, sous le contrôle des travailleurs et des citoyens, est le seul moyen de rediriger le capital vers la production socialement utile et les énergies renouvelables.
Sans propriété publique, les entreprises de combustibles fossiles continueront d’extraire de la richesse pour leurs actionnaires, ce qui entravera les progrès vers un avenir durable. BP et Shell ont dépensé des milliards en rachats d’actions et en dividendes, de l’argent qui aurait dû être investi dans la transition énergétique. Les travaillistes doivent maintenant plaider pour la pleine propriété publique du système énergétique et la création d’une capacité publique d’énergie renouvelable. Il est essentiel de construire un pouvoir politique organisé pour exiger l’engagement des travaillistes envers la propriété publique de l’énergie et assurer une transition juste vers un avenir durable. Un avenir qui n’existera pas sur la trajectoire actuelle.
Eleanor Woolstencroft est militante du Labour for a Green New Deal