Sujet complet : Sujet de spécialité en HGGSP
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Havas et ses transformations, avec la création de l’Agence France Presse (AFP), constituent un exemple très adapté à l’analyse des rapports entre les différents acteurs de l’information : des médias libres face à des entreprises privées ou à l’État.
Le conflit vietnamien vient enrichir la réflexion grâce au contexte exceptionnel constitué par l’état de guerre : comment les médias résistent-ils à la menace de la censure en temps de guerre ?
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Le sujet étant déjà formulé sous forme de question, vous pouvez l’insérer à l’identique dans l’introduction pour en faire votre problématique.
Corrigé
Les titres et les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.
Introduction
[Accroche] Rien ne semble plus acquis dans nos sociétés démocratiques que la liberté de s’informer. Pourtant l’accès plein et entier à des médias variés et de qualité rencontre bien des obstacles, et se trouve souvent remis en cause. [Problématique] Quelles sont, au xxe siècle, les menaces qui pèsent sur la liberté d’information ? [Annonce du plan] Nous analyserons dans un premier temps comment le marché et l’État peuvent soumettre les médias, puis nous étudierons dans un second temps les enjeux d’une information libre en période de guerre.
I. L’information dépendante de l’État et du marché
Lorsque les médias sont trop liés à des grands groupes financiers ou à des gouvernements, ils perdent en indépendance et la liberté d’information est alors menacée. L’histoire d’Havas montre bien l’ambiguïté des rapports entre les journalistes et le pouvoir, politique ou économique.
1. Havas et la liberté de la presse
Créée en 1835, l’agence Havas dispose, au début du xxe siècle, de correspondants sur tous les continents. Grâce à eux, elle exerce un quasi-monopole sur la fourniture d’informations internationales aux médias français.
Havas est alors également une agence de publicité qui achète aux journaux des espaces publicitaires à destination des annonceurs. Ce faisant, l’entreprise brouille la frontière entre information et commerce.
Cette situation remet doublement en cause la liberté d’information. D’une part, les nouvelles proviennent de la même source, et d’autre part les critiques sont dépendantes des intérêts des annonceurs, sources de rentrées d’argent pour les médias. C’est la raison pour laquelle le socialiste Léon Blum réclame dès 1936 la scission d’Havas.
2. L’AFP face à de nombreux écueils
En 1945, les deux branches d’Havas se séparent : l’entreprise Havas conserve la publicité et l’Agence France Presse (AFP) s’occupe de la fourniture d’informations. Cette transformation semble redonner une forme d’indépendance aux médias français.
Cependant la mauvaise santé financière de l’AFP l’oblige à avoir recours à des subventions publiques. Malgré son statut d’« organisme autonome » depuis 1957, se pose donc la question de son indépendance face à l’État.
Par ailleurs, la position des gouvernements successifs à l’égard de l’AFP peut sembler floue. Ainsi les annonces ou tentatives de privatisation de l’agence se sont multipliées depuis 2000.
[Transition] Intérêts privés, association étroite à l’État : l’exemple d’Havas et de l’AFP montre combien la liberté d’information peut être menacée. Et les obstacles s’aggravent encore lorsque les circonstances politiques changent, comme c’est le cas pendant un conflit.
II. Quelle liberté d’information en temps de guerre ?
Les obstacles qui pèsent sur la liberté d’information sont nombreux en temps de paix ; ils se trouvent décuplés en cas de guerre. L’exemple du conflit vietnamien est à ce titre révélateur.
1. Quand l’État contrôle les médias…
L’engagement officiel des États-Unis dans le conflit vietnamien en 1964 s’accompagne d’une intense propagande qui passe par le contrôle des médias. L’objectif est de convaincre la population américaine de la légitimité de cet effort de guerre.
Sur le terrain, les États-Unis s’enlisent dans des combats face à la guérilla sud-vietnamienne. Pourtant, l’opinion publique soutient encore la guerre à plus de 60 % à l’été 1965, prouvant l’efficacité de la censure et de la propagande médiatiques.
Contrôlée et soumise aux intérêts du gouvernement, l’information pendant le conflit vietnamien est donc biaisée ; l’une des menaces fortes qui pèse sur elle s’incarne en particulier dans la diffusion de mensonges d’État.
2. La diffusion d’une information impartiale
C’est grâce aux reporters de guerre que les choses évoluent : ces journalistes de terrain documentent la réalité des combats. Au travers d’images et de récits chocs, ils révèlent que les États-Unis sont en position de faiblesse et que des exactions sont commises.
Désormais la population américaine peut construire librement son avis sur la guerre. En 1968, les Américains ne sont plus que 35 % à soutenir l’engagement de leur pays. Et quand, en 1971, le New York Times révèle les mensonges de l’administration (« Pentagon Papers »), 60 % de l’opinion réclame le retrait des troupes.
Pendant la guerre du Vietnam, c’est la pugnacité des journalistes qui a rendu au grand public sa liberté de s’informer et d’accéder à la vérité. La lutte pour une information libre apparaît donc fondamentale en temps de guerre.
Conclusion
[Reprise de la démonstration] Qu’il s’agisse des pressions exercées sur les médias par de grands groupes financiers ou par l’État lui-même, les menaces sur la liberté d’information sont multiples. [Ouverture] Sans doute les populations sont aujourd’hui plus critiques à l’égard de ces contrôles de l’information. Il reste que de nouvelles menaces, plus diffuses, sont nées avec le xxie siècle, à l’heure de la surcharge médiatique et des fake news notamment…