Obsédés par la réussite scolaire de leur progéniture, les Français sont fanatiques de cours particuliers. Une aubaine pour les entreprises spécialisées.
Un job d’enseignant vous tente ?
« Cinq points de moyenne en plus ! », « Réussite garantie ! », « Les meilleurs enseignants »… Les sociétés de soutien scolaire s’affichent partout et promettent aux parents de redonner des couleurs aux bulletins de note de leurs rejetons, de leur faire décrocher le bac… Et ça marche ? En tout cas, c’est du 20/20 pour les résultats de ces sociétés. Chiffres d’affaires qui explosent, taux de croissance annuelle à faire pâlir d’envie, embauches à gogo… Acadomia, LE crack du secteur, suit 100 000 élèves, fait travailler 25 000 enseignants et gère un réseau national de 105 agences. A son programme pour l’année scolaire 2016-2017, le recrutement de plus de 12 000 personnes. Complétude, le deuxième de la classe, annonce l’embauche de 12 000 enseignants partout en France et l’ouverture de 15 agences cette année.
Pourquoi une telle frénésie pour les cours particuliers ?
A cause de parents à l’esprit de compétition exacerbé, inquiets des défaillances – réelles ou supposées – du système éducatif et résolus à accompagner leurs enfants de plus en plus tôt pour éviter l’échec. Parfois, dès la maternelle ! Vous avez dit surenchère ? La carotte fiscale alimente aussi largement le succès. Le soutien scolaire à domicile entrant dans la catégorie des services à la personne du plan Borloo, on peut déduire de l’impôt sur le revenu 50% des sommes versées. Les ménages non imposables, eux, bénéficient depuis 2007 d’un crédit d’impôt. « Pendant longtemps, le soutien scolaire a eu la réputation de n’être accessible qu’à des familles aisées, mais la réalité est tout autre aujourd’hui », assure Hervé Lecat, président de Complétude.
Pour assurer les cours, les professeurs de l’Éducation nationale, en exercice ou en retraite, intéressent évidemment les divers organismes. On en compte, par exemple, 30% dans les rangs de Keepschool. Toutefois, le gros des bataillons reste composé d’étudiants, dont la majorité se destine à l’enseignement. Mais attention, pour postuler il faut remplir une formalité : posséder au minimum un diplôme de niveau bac +3, ou être étudiant en grande école. Les compétences pédagogiques, la motivation et la personnalité du candidat sont ensuite évaluées au cours d’un entretien de sélection. A la clé pour les retenus, un travail appréciable sur un CV. Et mieux rémunéré que la plupart des jobs étudiants, puisque le salaire s’élève en moyenne à 15 euros net de l’heure. En outre, les cours à domicile offrent une grande souplesse de travail. « 78% de nos enseignants sont étudiants et la proximité du cours par rapport à leur lieu d’habitation est souvent un critère de choix important, précise Hervé Lecat. Nous leur permettons aussi de choisir les cours en fonction de cet élément. »
Avec un volume d’affaires estimé entre 800 millions et 2 milliards d’euros, le marché du soutien scolaire se révèle florissant. Pour autant, les entreprises sont loin d’en récolter tous les fruits. La raison ? 80% des cours particuliers seraient encore dispensés au noir ! Certes, la pratique recule. Mais une autre concurrence, plus palpable, pointe son nez : « l’école après l’école » version Nicolas Sarkozy. Le ministère de l’Education nationale a récemment mis en place des études dirigées et des stages de soutien gratuits dans les collèges de ZEP et promet d’étendre le dispositif. Une initiative qui n’inquiète pas outre-mesure les organismes privés, arguant d’un public et de services rendus différents. « Dans nos cours, les élèves sont majoritairement au lycée, fait valoir Nicolas Vauvillier, fondateur et PDG de Keepschool. Et les cours particuliers restent incomparablement plus efficaces que des études dirigées en groupe. » Abonnées aux excellentes notes depuis quelques années, les sociétés de soutien scolaire comptent bien continuer à tenir brillamment leur rang.