Une seule fois dans l’histoire des États-Unis, un juriste de la Cour suprême a été mis en accusation. Le seul cas s’est produit en 1804 lorsque le juge associé Samuel Chase a été jugé au Sénat après que des accusations aient été portées par la Chambre des représentants. Selon les archives du Sénat, Chase a été accusé de « refus de renvoyer des jurés partiaux et d’exclure ou de limiter les témoins de la défense dans deux affaires politiquement sensibles ». Il est acquitté en 1805.
Le processus de destitution d’un juge en exercice de la plus haute autorité judiciaire du pays est le même que celui d’extraction d’un président sortant. La Constitution exige une majorité simple à la Chambre pour approuver une enquête sur les « crimes et délits graves » présumés et les deux tiers du Sénat pour condamner.
Maintenant, près de 200 ans plus tard, la demande de destitution du juge associé Clarence Thomas augmente.
LIRE LA SUITE: « Un écran de fumée pour leurs décisions »: une nouvelle analyse critique l’utilisation de la Constitution par le juge Thomas et SCOTUS
Dimanche, une pétition rédigée et diffusée par MoveOn.org a dépassé le million de signatures. Et le décompte continue de croître.
La base de la destitution de Thomas repose sur trois points principaux : des soupçons antérieurs de corruption, son désir sans ambiguïté de priver les citoyens américains de leurs droits civiques et des conflits d’intérêts découlant de l’activisme de droite de sa femme Ginni et de sa participation au complot de l’ancien président Donald Trump pour renverser les élections de 2020.
La pétition précise :
La Cour suprême truquée de droite a annulé Roe v. Wade la semaine dernière, supprimant ainsi le droit à la vie privée et à l’autonomie corporelle, considéré comme un précédent juridique depuis 50 ans. Le juge de la Cour suprême Clarence Thomas, qui s’est rangé du côté de la majorité pour renverser Roe, a clairement indiqué la prochaine étape : annuler les décisions de la Haute Cour qui établissent les droits des homosexuels et les droits à la contraception.
Thomas a voté contre une décision de la Cour suprême d’obliger la publication des dossiers de Donald Trump concernant l’insurrection du 6 janvier et de tenter d’annuler les résultats de l’élection présidentielle de 2020.
L’échec de Thomas à se récuser justifie une enquête immédiate et une alarme accrue. Et ce n’est que le dernier d’une longue histoire de conflits d’intérêts au service d’un agenda de droite et mêlant son rôle puissant à son activisme politique conservateur. Il a montré qu’il ne peut pas être un juge impartial et qu’il est plus préoccupé par la dissimulation des tentatives de coup d’État de sa femme que par la santé de la Cour suprême.
Il doit démissionner ou le Congrès doit immédiatement enquêter et mettre en accusation.
Mais quel que soit le nombre de signatures amassées par la campagne, la décision de poursuivre Thomas appartient en fin de compte au Congrès. Compte tenu de la composition actuelle des deux chambres, associée à l’enquête en cours sur les événements du 6 janvier 2021, le risque d’émergence d’une procédure de destitution est faible.